M. Pompeo a estimé à Manille, après avoir rencontré le président philippin Rodrigo Duterte, que les travaux de remblaiement d’îles et récifs par Pékin dans cette mer également revendiquée par les Philippines et d’autres riverains constituaient des menaces potentielles pour l’archipel, mais aussi pour les Etats-Unis.
« La construction d’îles et les activités militaires de la Chine en mer de Chine méridionale menacent votre souveraineté, votre sécurité et donc vos moyens de subsistance, de même que ceux des Etats-Unis », a déclaré M. Pompeo lors d’une conférence de presse commune avec le ministre philippin des Affaires étrangères Teodoro Locsin.
« La mer de Chine méridionale appartenant au Pacifique, toute attaque armée contre les forces philippines, ses avions ou ses vaisseaux en mer de Chine méridionale activera les obligations mutuelles de défense définies par l’article 4 de notre traité de défense mutuelle. »
C’est la première fois qu’un responsable américain indique publiquement l’intention de Washington de défendre son allié dans cette mer au coeur d’un des contentieux territoriaux les plus explosifs du globe.
Le traité de défense mutuelle signé en 1951 entre Manille et son ancienne puissance coloniale exige de chaque partie qu’elle vienne en aide à l’autre en cas d' »attaque armée dans le Pacifique ».
De hauts responsables du gouvernement philippin avaient demandé des précisions sur la portée de ce texte, parce qu’ils disaient ne pas être sûrs du fait que la mer de Chine méridionale soit comprise dans la zone mentionnée comme étant le Pacifique.
La Chine, arguant d’une présence plus ancienne, dispute à plusieurs pays riverains (Vietnam, Philippines, Malaisie, Bruneï) des îles de cette vaste zone maritime. Chaque nation en contrôle plusieurs.
Des militaires et des pêcheurs philippins se sont souvent plaints d’actes de harcèlement de bâtiments chinois près de certains îlots et récifs occupés par les forces philippines.
Les Philippines étaient auparavant l’un des critiques les plus virulents face aux ambitions de Pékin, qui revendique l’essentiel de la mer de Chine méridionale.
Mais Manille a mis cette dispute en sourdine après l’élection de M. Duterte, s’écartant initialement de l’allié traditionnel américain pour s’attirer les bonnes grâces chinoises — afin notamment de développer les échanges commerciaux bilatéraux.
Les tensions entre la Chine et le Vietnam sont également nettement retombées depuis ces dernières années.
« Grâce aux efforts conjoints de la Chine et des pays riverains concernés de la mer de Chine méridionale, la situation dans la région est de plus en plus stable, et s’améliore », a déclaré vendredi Lu Kang, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, en réaction aux propos de Mike Pompeo.
« Par conséquent, si un pays extérieur à la zone, comme par exemple les Etats-Unis, a vraiment à coeur la paix, la tranquillité et le bien-être des peuples de la région, alors il devrait s’abstenir de mener toute provocation délibérée, et de semer le désordre », a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse régulière.
Les Etats-Unis disent ne pas prendre partie dans le contentieux territorial. Mais Washington, officiellement au nom du principe de « liberté de navigation », envoie fréquemment des navires de guerre croiser à proximité d’îles de la région contrôlées par la Chine.