Le troisième armateur mondial affiche « une performance en retrait sur le troisième trimestre 2025 », pénalisé par « un ralentissement de l’activité maritime », indique un communiqué publié vendredi.
Même si la situation s’améliore « par rapport au deuxième trimestre, marqué par un arrêt quasi-total des échanges entre la Chine et les Etats-Unis », CMA CGM « est dans une phase de grande incertitude pour l’avenir », a indiqué à l’AFP son directeur financier Ramon Fernandez.
« La situation se tend, nous anticipons un nouveau ralentissement des échanges mondiaux, alors que de nouveaux navires continuent d’être livrés », a-t-il dit.
Le transporteur craint que le secteur ait moins de marchandises à transporter alors qu’il va avoir plus de bateaux pour le faire, ce qui risque de faire baisser encore plus bas les « taux de fret ».
Ces tarifs mondiaux du transport maritime, qui s’étaient envolés à des niveaux historiquement élevés lors de la crise sanitaire et dans l’après-covid (aux alentours de 2.800 dollars), sont tombés autour de 1.000 dollars actuellement.
– « Normalisation » –
Une baisse qui érode les marges de CMA-CGM, qui parle de « normalisation » d’un secteur habitué aux à-coups, même s’il « est difficile de définir une notion de normalité dans le monde du maritime, toujours en train de s’adapter à toutes sortes d’aléas, à commencer par les aléas climatiques », juge une source à l’intérieur du groupe.
Pour faire face et réduire ses coûts, l’armateur a plusieurs clés d’ajustement: réduire le nombre de bateaux affrêtés (42% sont loués et 58% en pleine propriété), ralentir la vitesse des navires pour réduire le nombre de départs et déplacer les bateaux en fonction du dynamisme des échanges.
Ces derniers mois, le commerce latino-américain et africain des marchandises était ainsi plus dynamique que celui vers les Etats-Unis, plombé par les droits de douane.
CMA CGM, dont 64% de l’activité repose sur le maritime, 33% sur la logistique et 3% sur les terminaux portuaires, le fret aérien et les médias, multiplie les investissements de diversification pour sortir du tout maritime.
Rien que cette semaine, il a pris une participation de 20% dans un terminal du port de Hambourg, tandis que la famille du PDG Rodolphe Saadé a annoncé mercredi son entrée au capital du groupe de distribution Carrefour, en remplacement d’un actionnaire brésilien.
Récemment, il a aussi annoncé l’acquisition de Freighliner UK Intermodal Logistics, un opérateur ferroviaire britannique, ainsi que l’achat par sa filiale CEVA de Borusa Lojistik, acteur majeur de la logistique en Turquie.
Dans le fret aérien, sa filiale CMA CGM Cargo a receptionné son cinquième et dernier Boeing 777F, renforçant sa flotte aérienne qui compte désormais huit appareils. Elle sera complétée en 2027 par huit Airbus A350F.
Enfin, la division CMA Media, qui comptait jusqu’à présent uniquement des médias français (Corse matin, La Provence, La Tribune, et La Tribune Dimanche dans la presse écrite, RMC et BFM dans l’audiovisuel), a « franchi une étape stratégique » avec l’intégration du média social Brut « leader en France comme à l’international ». La chaîne de télévision Chérie 25 a également rejoint le groupe, renommée RMC Life pour compléter RMC Story et RMC Découverte.
Dans le domaine purement maritime, le groupe qui vient d’annoncer l’immatriculation prochaine de 10 gros navires sous pavillon français à partir de l’an prochain, est le premier à avoir commandé des porte-conteneurs en Inde propulsés au gaz naturel liquéfié (GNL) dont la livraison débutera en 2029.
« Cette initiative marque la première étape vers la constitution d’une flotte complète sous pavillon indien » a indiqué CMA CGM, qui « soutient » ainsi « la stratégie maritime ambitieuse du gouvernement Modi » autour de la création d’un corridor maritime baptisé IMEC, destiné à répondre aux routes de la soie chinoises en renforçant les échanges commerciaux entre l’Asie, le Moyen-Orient et l’Europe.
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