Argenterie et objets d’art: le mythique Phocéa de Mouna Ayoub à Drouot

« Je suis tombée folle amoureuse du Phocéa », raconte celle qui fut une figure incontournable de la jet set internationale. « Je suis une Méditerranéenne, je voulais un bateau », dit-elle, chic, dans une veste Chanel beige portée avec un pantalon noir près du corps.

Elle a acheté le Phocéa en 1997 pour l’équivalent de 6 millions d’euros et confie avoir « dépensé une fortune pour le restaurer ». Cette grande cliente de haute couture, d’origine libanaise, s’est également beaucoup investie dans sa décoration. Le yacht de 75 mètres pourvu de 4 mâts était d’ailleurs surnommé le « bateau couture ».

Parmi les pièces phare de la vente, confiée à la maison Rieunier: un centre de table en argent de l’orfèvre Buccellati, estimé entre 12.000 et 15.000 euros, ou un tableau de l’Américaine Gertrude Fiske (entre 10.000 et 12.000 euros). Les amateurs d’objets de marine pourront jeter leur dévolu sur la cloche de pont ou sur des instruments de navigation anciens. Plus accessible: le linge de toilette brodé « Phocéa ».

Mouna Ayoub, qui a été mariée à l’homme d’affaires saoudien Nasser Al-Rashid, vend des flacons en verre bleu clair, qui servaient d’écrins aux invitations à bord du Phocéa. Elle les avait commandés à la maison Bulgari. Le lot de six flacons est estimé entre 2.500 et 3.000 euros.

– Tombée à l’eau en haute couture –

La vente témoigne du grand train qu’a mené Mouna Ayoub sur le yacht, où elle a accueilli célébrités internationales, de Kylie Minogue à Jack Nicholson, membres de familles royales, grands patrons, etc. Mouna Ayoub raconte volontiers les soirées sur le yacht, comme celle à Cannes, pendant le festival, avec l’acteur Keanu Reeves pour la sortie du film Matrix.

De croustillantes anecdotes accompagnent certains lots. Mouna Ayoub a ainsi sauté dans la mer avec une robe couture de Jean Paul Gaultier, l’ensemble « Bateau-Lavoir », estimée entre 10.000 et 20.000 euros. « Un matin au réveil, j’ai cru que le Phocéa coulait, alors j’ai mis cette robe facile à enfiler », raconte-t-elle, amusée. Elle s’est retrouvée à l’eau en haute couture, avec un sac contenant l’équivalent de 7 millions d’euros de bijoux.

« Chaque objet est attaché à un souvenir, notamment concernant mes enfants, de leur enfance à leur adolescence », confie Mouna Ayoub, qui explique ainsi la mise en vente de toutes ces pièces: « Je n’ai plus envie de revivre ces moments passés de ma vie. Cela me fait beaucoup de peine de revenir à ces souvenirs ».

La vente du Phocéa a également été très douloureuse. « J’ai pleuré, j’ai tellement pleuré », dit-elle. Son fils aîné l’a vendu alors qu’elle était hospitalisée, soignée pour anorexie, assure la plantureuse brune, qui dit avoir 57 ans. Elle a découvert que le yatch ne lui appartenait plus à sa sortie d’hôpital.

Le luxueux bateau avait été vendu à un Franco-canadien puis à un Thaïlandais, relate Mouna Ayoub. Mais elle n’a pas renoncé au Phocéa. « Je garde le rêve de le racheter, c’est mon bateau. C’est ma deuxième fille. Quand j’ai une idée en tête, je sais que j’atteins souvent mon objectif », affirme-t-elle d’un air décidé.

L’argent qu’elle gagnera avec ces enchères puis, peut-être, une vente de ses vêtements de prêt-à-porter, l’aidera à atteindre son but, espère-t-elle.

« Si j’arrive à le racheter, je le décorerai pour une nouvelle vie plus calme, avec probablement moins de fêtes et enfin des petits-enfants », confie Mouna Ayoub, qui avoue se sentir « si seule ».

Exposition samedi puis lundi et mardi matin à l’Hôtel Drouot.

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