Au port de Marseille-Fos, les pétroliers à rude épreuve face au confinement

Au loin, sous un chaud soleil, un jet d’eau arrose un tanker de près de 250 mètres de long aux cuves remplies de brut hautement inflammable, sur lequel s’entremêlent des tuyaux d’acier.

Une vingtaine de navires, dont plus de la moitié de pétroliers, patientent sur rade dans le golfe de Fos-sur-Mer, l’un des trois plus grands ports pétroliers du monde, avec Rotterdam aux Pays-Bas, selon le Grand port maritime de Marseille-Fos (GPMM) qui gère le site. Chaque année, jusqu’à 45 millions de tonnes de vrac liquide, dont des hydrocarbures bruts ou raffinés, transitent dans ce port français qui comprend le site de Fos et celui de Marseille.

« Nous sommes très inférieurs à notre capacité de mouillage qui est d’environ 45 navires et donc loin de la saturation », affirme le commandant du port Amaury de Maupeou, chargé avec son équipe, réduite en période de confinement, d’accueillir les bateaux du globe 24h sur 24 dans ce secteur très concurrentiel.

« Le trafic pétrolier est constant », assure l’officier dans sa chemise blanche à épaulettes alors que la moitié de la planète, dont la France, est contrainte au confinement depuis des semaines en raison de l’épidémie de coronavirus.

« La seule différence est liée aux normes sanitaires prises par les exploitants à quai: il y a un peu plus d’attente pour les navires pétroliers », concède-t-il.

Et pour cause: des étapes délicates comme le raccordement des cuves des mastodontes aux pipelines doivent s’effectuer en respectant les distances de sécurité sanitaire liées à l’épidémie de coronavirus.

« Nous fonctionnons de manière plus réduite, avec des capacités plus faibles », déplore auprès de l’AFP Franck Demay, président du Conseil d’administration de Fluxel, opérateur des terminaux pétroliers du port.

Celui qui est aussi membre de l’Union française des industries pétrolières (Ufip) attend du gouvernement « plus de souplesse » dans les mesures sanitaires afin de pouvoir continuer l’activité, expliquant que c’est « l’outil industriel du Sud de la France avec ses milliers d’emplois qui est mis en péril ».

« Sans pétrole, le secteur pétrochimique qui fabrique les emballages plastique des produits de santé ou encore les blouses ne peut plus fonctionner », défend l’industriel.

– « Crise incroyable » –

Mais, outre le ralentissement lié à une main d’oeuvre réduite, la chute de la consommation du pétrole a aussi considérablement complexifié la poursuite de l’activité, avec des dépôts pleins et des navires qui doivent attendre d’avoir un lieu de stockage, ce qui augmente les coûts.

« Les navires commandés depuis plusieurs semaines n’ont pas d’autre solution que d’attendre de pouvoir décharger leur cargaison dans les zones de stockage », explique à l’AFP Fabien Poure, directeur général de SPSE, société de transport et de stockage d’hydrocarbures liquides, poids lourd du secteur.

Et cela « avant que cette cargaison ne soit redirigée vers les raffineries qui produisent les carburants et la pétrochimie fabriquant actuellement solutions hydroalcooliques et autres composants entrant dans la fabrication d’équipements utilisés dans la lutte contre la pandémie », tient à souligner le dirigeant d’entreprise.

« Les traders du monde entier se sont précipités pour louer des espaces de stockage », explique M. Demay. « C’est une crise incroyable, on ne sait plus ou mettre le stock, tout a été loué à moyen et long terme », poursuit-il.

Une ruée qui s’explique par le « contango »: les prix des contrats d’achats de pétrole pour une livraison le mois prochain sont devenus moins chers que ceux qui portent sur un horizon plus lointain.

Les investisseurs, expliquent plusieurs spécialistes, se sont empressés d’en profiter pour faire des provisions, espérant revendre leur pétrole à meilleur prix quand l’activité sera repartie.

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