« C’est la mairie qui m’oblige depuis l’an dernier à quitter ma maison pour les grandes marées. S’il n’y avait que moi, je me contenterais d’attendre que la marée redescende avant d’aller me coucher, comme je faisais avant. Ça fait jamais que trois quarts d’heure à attendre », explique à l’AFP Bernadette Lièvre, ancienne aide-soignante qui vit depuis 24 ans dans sa petite maison de plain-pied, isolée à quelques mètres de la plage des Pieux, à la pointe nord-ouest du département de la Manche.
Les murs du jardin, les fondations du garage, désormais à nu, et la route qui arrivait jusqu’à la maison, ont déjà été entamés par les flots lors de précédentes grandes marées.
Et 2015 est particulièrement riche en grandes marées, avec des coefficients supérieurs à 110 à partir de jeudi et jusqu’à dimanche et une marée exceptionnelle dite « du siècle », qui revient tous les 20 ans environ, le 21 mars.
« J’avais fait un barrage avec des poutres de chemin de fer. Ça a tenu quelques années », raconte la retraitée.
Interrogée par l’AFP, la mairie a démenti avoir « obligé » la vieille dame à partir, mais explique l’y avoir fortement incitée. « Il y a un risque d’éboulement. Une grande marée avec un peu de houle ça peut aller très vite », s’inquiète le directeur général des services.
« Ça entame sérieusement ma retraite. Ça m’oblige à louer un petit studio », précise la vieille dame. « Et je dois revenir pendant la journée, car là-bas je n’ai ni congélateur ni téléphone. Je fais les allers-retours à pied, mais je ne suis pas très solide. Parfois une voisine m’emmène », raconte-t-elle. Au-delà de la vue « formidable », « magnifique » sur la mer, « cette maison, c’est toutes mes économies », souligne la vieille dame.
Un arrêté municipal est en préparation pour interdire le stationnement sur les parkings littoraux de la commune pendant les marées de coefficient supérieur à 100, mais cet arrêté ne vise pas Mme Lièvre, selon la mairie.