« Nous avons signé la commande du Pegasis », s’est félicité Jean-Marc Roué, président de Brittany Ferries, lors d’une conférence de presse au siège de la compagnie basée à Roscoff (Finistère).
Le nouveau navire, destiné à relier la Grande-Bretagne et l’Espagne dès le début 2017, doit être livré fin 2016 par STX France. Désigné sous le nom de code Pegasis (Power efficient gas innovative ship), le navire de 210 mètres sera l’un des trois plus grands navires à gaz naturel liquéfié (GNL) au monde, selon la compagnie, et pourra transporter 2.400 passagers, 600 voitures et 40 camions.
Il représente « une nouvelle génération de navires écologiques », relève STX. « Le GNL est vraiment une source d’avenir en matière de propulsion de navires », a lui aussi estimé Jean-Marc Roué.
En effet, en termes d’émissions, le Pegasis sera conforme aux normes sur les émissions des gaz d’échappement de la convention Marpol, qui évoluent à partir du 1er janvier 2015. Les émissions d’oxyde de soufre (SOx) seront réduites de 99% et celles d’oxyde d’azote (NOx) de 80%.
La Brittany Ferries compte investir au total 400 millions d’euros sur trois ans, entre 2014 et 2016, pour le Pegasis et pour remotoriser trois de ses navires pour faire du GNL leur combustible. Cet investissement permettra également d’installer des filtres à fumées (scrubbers), retenant les émissions d’oxyde de soufre, sur trois autres de ses navires, plus anciens, en attendant leur renouvellement.
« On est là sur une transition écologique qui va au-delà du réglementaire et qui nous permet également d’intégrer un aspect économique puisqu’aujourd’hui le gaz devient un produit généralisé en matière de consommation d’énergie », s’est réjoui Jean-Marc Roué. La facture fioul de la compagnie a triplé depuis les années 2000, passant à plus de 90 millions d’euros, essentiellement en raison du renchérissement du baril de pétrole.
Filière industrielle « naissante »
Cet investissement est le signe d’un nouveau départ pour la compagnie bretonne qui a dû faire l’objet d’un plan de retour à la compétitivité. « La Brittany Ferries va bien mieux que ce qu’elle a été, mais il y a encore beaucoup d’efforts à faire, il faut persévérer », a souligné Jean-Marc Roué.
La compagnie, dont toute la flotte navigue sous pavillon français et qui emploie du personnel navigant exclusivement français, a retrouvé l’équilibre financier et génère même un « petit bénéfice », selon M. Roué. En 2013, la Brittany Ferries avait été la seule compagnie a avoir eu un résultat positif sur l’activité transmanche, rappelle-t-il.
« Au-delà de cette commande qui représente d’ores et déjà 2,6 millions d’heures de travail, soit 500 emplois pendant trois ans pour STX et ses partenaires d’ici à la livraison prévue du navire, en 2016, STX pourra ainsi développer son expertise et sa compétitivité dans une filière industrielle naissante », se sont félicités dans un communiqué commun mardi les ministres du Redressement productif, Arnaud Montebourg, et des Transports, Frédéric Cuvillier.
Cette commande est une « bonne nouvelle, notamment pour les bureaux d’étude » et pour le positionnement de STX sur le marché des ferries au gaz, adaptés aux normes anti-pollution à venir, a estimé lors d’une conférence de presse Laurent Castaing, directeur général de STX France.
Mais elle « ne sera pas suffisante pour déclencher à elle seule des embauches », a-t-il souligné. « Elle va renforcer notre carnet de commande » mais il y a « encore beaucoup à faire », a affirmé M. Castaing.
Les ex-Chantiers de l’Atlantique, qui emploient aujourd’hui 2.300 salariés et sollicitent 4.000 sous-traitants, sont loin d’avoir rempli leur carnet de commandes.
STX France espère une commande de deux paquebots pour le croisiériste italien MSC (plus deux en option, soit un total de 2,4 milliards d’euros), et peut-être la commande d’un deuxième Oasis pour l’Américain Royal Carribean. Mais selon la direction de STX France ces commandes sont suspendues à un « accord de compétitivité » avec les syndicats, nécessaire selon elle pour baisser les coûts de production.
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