Les experts des deux pays ont recommandé aux autorités de Yaoundé et d’Abuja « l’organisation d’opérations (militaires) simultanées (aux frontières), les échanges d’informations et de renseignements, le renforcement de la coopération transfrontalière au niveau local (et) l’achèvement des opérations de démarcation de la frontière commune », selon le communiqué final des travaux du « Comité de sécurité transfrontalière Cameroun-Nigeria ».
Les préconisations et recommandations issues des délibérations feront l’objet « de la plus haute attention des autorités de nos deux pays », a assuré René Sadi, ministre camerounais de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, évoquant notamment « l’installation de bataillons (camerounais et nigérians) dans les zones côtières » pour éviter les attaques en mer.
Les deux parties ont promis de se rencontrer à Abuja en mai 2014. Le Cameroun et le Nigeria partagent plus de 1000 km de frontières communes réputées poreuses.
En février, sept français d’une même famille avaient été enlevés dans l’extrême-nord du Cameroun avant d’être conduits au Nigeria où ils avaient été gardés deux mois, avant d’être libérés. Les islamistes armés Boko Haram avaient revendiqué ces enlèvements.
Depuis que l’armée nigériane a engagé une vaste offensive contre Boko Haram, plus de 10.000 Nigérians ont fui au Cameroun, dont des membres de Boko Haram.
Le Nigeria a souvent estimé que le Cameroun servait de refuge aux membres de Boko Haram.
« L’implication du Cameroun (dans la lutte contre Boko Haram) est complexe. Le pays doit à la fois collaborer avec le Nigeria en vue d’endiguer la menace terroriste portée par Boko Haram et éviter que ce groupe ne s’installe sur son territoire », a expliqué à l’AFP Mathias Nguini Owona, chercheur à la Fondation Paul Ango Ella qui analyse les questions sécuritaires en Afrique centrale.
« Le Cameroun peut mener des actions discrètes avec le Nigeria de manière à préserver son propre territoire parce qu’il pourrait subir des représailles de Boko Haram. Le pays évite donc que sa collaboration avec le Nigeria entraîne un déplacement du conflit vers le Cameroun », a-t-il précisé.