Canal Seine-Nord: le gouvernement souhaite reconfigurer le projet

« Il faut revoir le projet techniquement, le remettre à plat, afin de lui donner une chance de bénéficier des subventions de l’Europe », a déclaré à l’AFP un porte-parole du ministère.

Il a indiqué qu’une « mission de reconfiguration sera confiée au député PS du Nord Rémi Pauvros, qui sera chargé de réexaminer la consistance actuelle du projet et de proposer toutes les optimisations de coût possibles ».

Cette décision intervient à la suite des conclusions négatives du rapport sur la faisabilité financière du projet demandé par le ministre en septembre à l’Inspection générale des finances (IGF) et au Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD) et dont Le Monde publie des extraits dans son édition de mercredi.

Le projet Seine-Nord Europe prévoit la réalisation d’un canal à grand gabarit, long de 106 kilomètres, entre Compiègne, sur l’Oise, et Cambrai, sur le canal Dunkerque-Escaut.

Il vise à désenclaver le bassin de la Seine, et à ouvrir la France sur le réseau fluvial à grand gabarit du nord et de l’est de l’Europe.

La mission CGEDD/IGF dresse un bilan très dur du pilotage du projet dont « les coûts n’ont cessé d’être revus à la hausse tandis que les prévisions de trafic et de recettes ont été maintenues en dépit d’un contexte économique devenu plus incertain », selon une synthèse dont l’AFP a reçu copie.

Par rapport à l’estimation du coût total de 4,4 milliards d’euros faite en 2009 par Voie Navigables de France (VNF), l’estimation actuelle du même organisme est passée à six milliards.

« Une approche plus prudente pourrait conduire à élargir l’estimation de coût (..) et à retenir un coût total du projet 5,9 à 7 milliards », estime le rapport qui évalue « l’impasse de financement » à 2,6 milliards d’euros, à la charge des cofinanceurs publics, Etat, collectivités territoriales et Union européenne.

« Si le ministre partage le diagnostic, il ne partage par ses conclusions », indique-t-on au ministère. Frédéric Cuvillier est lui-même originaire de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), au coeur d’une région qui a tout à gagner de la construction d’un tel ouvrage.

La reconfiguration demandée vise à réduire les coûts du projet pour le rendre « finançable, sans dénaturer ses fonctionnalités », a-t-on précisé.

Des optimisations vont ainsi être recherchées notamment dans la conception des écluses ou encore dans les exigences en termes d’étanchéité du canal, l’objectif pour le gouvernement étant de présenter au premier semestre 2014 une demande de subvention auprès de l’Union européenne.

« L’important est que le gouvernement confirme l’engagement de la France dans le projet (…), seul levier pour créer de l’emploi et de la croissance dans les régions traversées », a réagi auprès de l’AFP Philippe Marini le président de l’association Seine-Nord Europe et sénateur-maire UMP de Compiègne.

« J’espère qu’il sera possible de rester dans les temps car les procédures communautaires sont très contraignantes », a-t-il ajouté.

Le projet de canal SNE est éligible à un taux de subvention de 30% voire 40% (contre 6% actuellement), au titre du programme 2014-2020 des réseaux transeuropéens de transports (RTE-T) mis en place par l’Union européenne.

Dans le nouveau budget européen récemment adopté par les chefs d’Etat et de gouvernement à Bruxelles, le montant pour l’ensemble des infrastructures de transport européennes est de quelque 13 milliards d’euros, au lieu de près de 22 milliards dans le budget précédent.

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