Cargo bourré de cocaïne: de 10 à 30 ans de réclusion pour les accusés

En décembre 2015, la douane française avait découvert dans le « Carib Palm », arraisonné dans les eaux du Pas-de-Calais et en provenance des Caraïbes, 80 ballots de cocaïne d’environ 30 kg chacun pour une valeur estimée à 75 millions d’euros. Une découverte record représentant 20% des saisies de cocaïne en France cette année-là.

Depuis le 8 février, quatre des dix accusés, âgés de 33 à 61 ans, comparaissaient devant la cour d’assises spéciale du Nord – composée de magistrats professionnels – pour avoir participé, à différents titres, à cette traversée.

Mercredi, tous ont été condamnés pour diverses infractions, notamment pour importation de stupéfiants en bande organisée, mais acquittés des faits « d’association de malfaiteurs ».

Trois hommes, absents du procès, ont écopé de la peine la plus lourde – 30 ans de réclusion criminelle – dont le donneur d’ordre turc Mehmet Murat Buldanlioglu. Il avait fourni les coordonnées GPS et payé l’équipage en liquide à Saint-Domingue. Mardi, l’accusation l’avait décrit comme « présent à tous les étages » de ce tentaculaire dossier.

Le broker panaméen Antonio Serrano Samudio, qui avait notamment acheté le navire, a également été condamné à trente ans de réclusion, tout comme Omer Kant, l’un des responsables turcs de l’organisation.

Parmi les accusés présents, le superviseur turc Huseyin Cakir, 58 ans – « chef à bord », selon l’avocat général qui avait requis 20 ans – a été condamné a 16 ans de réclusion. La même peine a été prononcée à l’encontre du mécanicien turc Ahmet Ogün Savci, pour avoir notamment participé au recrutement des marins.

La cour a enfin condamné le capitaine géorgien du navire Badri Beridze, et le chef de quart à bord du vraquier Oleksandr Khaskvevych, à 12 ans de réclusion.

Deux autres responsables turcs et un entremetteur ukrainien absents ont été condamnés à dix ans.

Les dix hommes ont également été condamnés a payer solidairement une amende de 75 millions d’euros, soit la valeur des saisies.

Au cours du procès, les accusés avaient soutenu n’avoir jamais su, ou avoir appris tardivement au cours du voyage, qu’une cache aménagée en salle des machines contenait de la drogue.

Ils ont bien « agi en pleine volonté et pleine conscience » et tenu des rôles « décisionnaires », a au contraire estimé l’accusation.

« Je préfère mourir que rester dans cette situation », a lancé Beridze mercredi avant la suspension d’audience, plusieurs accusés demandant à rentrer dans leurs pays, auprès de leurs familles.

« C’est une condamnation extrêmement lourde qui ne peut pas nous satisfaire, mon client M. Savci a toujours dit qu’il était innocent et n’avait pas su en recrutant qu’il s’agissait d’une importation de cocaïne » a réagi à la sortie de l’audience Me Quentin Mycinski, réfléchissant à faire appel.

Me Philippe Ohayon, avocat de M. Beridze, a pour sa part salué « une décision courageuse » de la cour, pour avoir prononcé 12 ans au lieu des 17 requis. « M. Beridze peut entrevoir l’avenir, (…) c’est un brave gars qui s’est retrouvé là dedans » sans réellement comprendre, a-t-il assuré.

« La cour a considéré qu’il y avait une vraie différence entre les personnes qui sont dans ce dossier par circonstance, et les délinquants professionnels, les commanditaires qui ont acheté cette drogue dans le but de la revendre à des sommes astronomiques. Ces quatre là ne sont rien, c’est de la piétaille », a conclu l’avocat.

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