« Carola a fait son devoir et a été abandonnée par tous les pays d’Europe et les organismes internationaux », a déclaré Giorgia Linardi, représentante en Italie de l’ONG allemande.
« La capitaine, comme c’est son devoir, et n’ayant été aidée par aucune des autorités contactées, alors qu’elle avait des naufragés à bord, a fait route vers le premier port sûr », a ajouté Mme Linardi devant la presse à Rome, aux côtés d’autres représentants d’ONG.
Cette réunion avait été organisée au siège de la presse étrangère à la suite de la décision de la commission Affaires constitutionnelles et Justice de la chambre des députés d’annuler une audition de Sea-Watch prévue mercredi matin, à la demande de la Ligue (extrême droite).
Les autres ONG qui devaient aussi être entendues ont alors décidé, en signe de solidarité, de ne pas se présenter devant cete commission parlementaire.
Arrêtée samedi et placée en résidence surveillée pour être entrée dans les eaux italiennes sans autorisation, et avoir forcé le passage dans le port de Lampedusa face à une vedette des douanes qui voulait l’en empêcher, Carola Rackete a été relâchée mardi sur décision d’un juge d’Agrigente (Sicile) qui a invalidé son arrestation.
Cette décision a déclenché l’ire du ministre de l’Intérieur Matteo Salvini, également chef de la Ligue, qui a annoncé avoir tenu mardi une réunion à son ministère pour étudier comment empêcher les ONG d’amener des migrants en Italie. « On va continuer à les stopper, un par un », a-t-il affirmé.
L’ONG Mediterranea a assuré que les navires des ONG continueront à aider les migrants en mer, « comme l’exigent les règlements internationaux. (…). Nous effectuons une surveillance en Méditerranée et nous agirons toujours comme l’exige la réglementation », a martelé son représentant Alessandro Metz.
Pour MSF Italia, Marco Bertotto a souligné que depuis la mise en place par M. Salvini il y a un an de la politique des ports fermés aux ONG, quelque 2.500 migrants ont été bloqués en mer pour une durée totale de 165 jours.
Le nombre de navires d’ONG en mer a fortement baissé depuis début 2019, a-t-il dit, « mais les départs ont continué et cinq sur six ont eu lieu alors qu’il n’y avait pas de navire (d’ONG, ndlr) signalé en mer », a-t-il assuré. Un chiffre qui contredit d’après lui l’argument de M. Salvini selon lequel leur présence encourage le trafic d’êtres humains en Méditerranée.