« Les navettes ont repris à 18H50 et un ferry de P&O, après embarquement des passagers et véhicules, doit appareiller vers 20H20 », a déclaré Fabienne Buccio à l’AFP au terme d’une journée de chaos, marquée par d’énormes bouchons et mise à profit par les migrants prenant d’assaut les camions immobilisés.
Le gouvernement français a demandé, de son côté, à Eurotunnel de « travailler à une meilleure solution » pour l’emploi des salariés de MyFerryLink. « Le gouvernement demande à Eurotunnel de revoir son projet et de travailler à une meilleure solution du point de vue de l’emploi » pour permettre « la reprise de davantage de salariés », selon un communiqué du Secrétariat d’Etat aux Transports et du ministère de l’Ecologie.
Me Buccio a toutefois précisé que les Eurostar ne circuleraient pas avant le matin et qu’il faudrait des heures avant que les autoroutes environnantes -A16 et A25- soient désengorgées, de la frontière belge à Calais.
« Le trafic Eurostar est suspendu jusqu’à ce soir, on prévoit de faire circuler normalement nos trains demain », a confirmé un porte-parole d’Eurostar.
Les manifestants « ont endommagé des sections de voie qui sont utilisées pour rentrer dans le tunnel sous la manche, une de ces portions est utilisée uniquement par les trains Eurostar, qui est toujours en réparation », a-t-il expliqué.
Les employés de MyFerryLink protestaient contre la vente par Eurotunnel de deux de leurs trois bateaux au concurrent danois DFDS Seaways, qui leur fait redouter le licenciement de près de 500 d’entre eux sur un total de 600.
Lors d’une première action lancée à l’aube, les manifestants ont d’abord bloqué le port puis l’accès au tunnel. « On ne pouvait tolérer que les deux soient bloqués simultanément, prenant particuliers et entreprises en otages », a déclaré Mme Buccio, qui a fait intervenir la police vers 10H30.
Le bouchon de 9 km qui s’était formé aux abords du tunnel a été résorbé et la situation était revenue à la normale vers 14H00.
Peu après, quelque 120 manifestants ont forcé avec une camionnette une entrée à l’arrière du site d’Eutotunnel et mis le feu à des palettes et à des pneus, bloquant la totalité du trafic ferroviaire vers 16H00.
A l’aide de bombes lacrymogènes, à mi-chemin entre la sortie du tunnel et la gare Eurostar de Fréthun, la cinquantaine de CRS mobilisés a ensuite dispersé quelque 200 manifestants, surveillés par un hélicoptère de la gendarmerie, a constaté l’AFP.
– 120 salariés repris? –
Les événements ont entraîné tout au long de la journée d’importants bouchons sur l’autoroute A16 et les voies d’accès.
Pour accélérer la décongestion, a expliqué la préfète, des convois de 100 camions devaient être escortés toutes les deux heures dans la soirée par la police, jusqu’au port de Dunkerque pour y embarquer.
Les CRS restaient mobilisés alors que de nombreux migrants tentaient de monter sur les camions à l’arrêt.
« Il est hors de question que DFDS prenne nos navires, jamais. Si vous voulez passer un été chaud, il faut venir à Calais », a menacé Eric Vercoutre, secrétaire général du Syndicat maritime Nord, joint par l’AFP.
« Le gouvernement français doit faire pression sur (le PDG d’Eurotunnel Jacques) Gounon », a-t-il déclaré. Le syndicat, très mobilisé et largement majoritaire au sein de la compagnie MyFerryLink, est à la tête de la Scop qui exploite les bateaux dont Eurotunnel est propriétaire.
Les éventuels repreneurs ont jusqu’à mercredi 15H00 pour déposer un dossier de reprise des bateaux. La Scop, qui doit se réunir à Calais à cette heure-là, entend faire valoir le sien.
« On est aidés par la région, le département, on a une offre qui reprend les 600 salariés », a dit le syndicaliste. M. Vercoutre devait être reçu mercredi vers 09H00 au conseil régional.
La colère des personnels de MyFerryLink est d’autant plus grande que courent des rumeurs alarmantes sur le nombre de salariés susceptibles d’être repris par DFDS. Régulièrement, le chiffre de 120 salariés revient, mentionné par les syndicats.
cor-bur/pm/bir/az
DFDS
GROUPE EUROTUNNEL




