Chauffeurs routiers en Angleterre: ceux qui passent et ceux qui restent coincés

Emmitouflé dans son sweatshirt à capuche malgré les températures très douces, Christian Cosma est épuisé par les longues heures d’attente passées en Angleterre mais au moins, il a réussi à retraverser la Manche avec sa camionnette, quelques heures après la réouverture, sous strictes conditions, du trafic entre l’Angleterre et la France.

En Angleterre, « ça s’est passé très mal, on a attendu au moins 50 heures, il n’y avait pas de toilettes, rien à manger, j’ai cherché un hôtel dans le coin mais tout était occupé », raconte-t-il depuis une station essence proche de Calais, où un ferry l’a déposé ce mercredi matin.

Le jeune homme doit son retour à son patron, qui lui a trouvé un rendez-vous pour passer un test Covid mais… à 300 km du parking où il attendait de pouvoir embarquer. « J’ai fait 300 km pour aller faire le test puis 300 km pour revenir à Douvres et là, j’ai encore 2.500 km pour rentrer chez moi », soupire-t-il, déçu de ne pas pouvoir être avec les siens le 24 décembre, mais seulement le 25.

« On était maximum 10 personnes sur le bateau », témoigne-t-il, assurant avoir dû montrer le résultat négatif de son test « quatre ou cinq fois dans le terminal ».

– « Comme des bêtes » –

En début de soirée mardi, la France avait donné son feu vert à certains retours du Royaume-Uni, à condition de présenter un test négatif datant de moins de 72 heures au Covid et à son variant qui s’est répandu outre-Manche, une situation qui a conduit plusieurs pays dont la France à suspendre depuis dimanche minuit la circulation des personnes en provenance du Royaume-Uni.

Ce blocage avait amplifié l’embolie autour du port de Douvres, où quelque 3.000 poids lourds s’étaient entassés.

Le trafic a repris dans la nuit dans le sens Royaume-Uni-France mais encore très au ralenti pour les ferries transportant des poids lourds.

« Je pense que la prochaine fois, les chauffeurs vont refuser d’aller là-bas », conclut Christian Cosma.

Un avis largement partagé par le chauffeur français Laurent Beghin, encore coincé mercredi matin dans le sud de l’Angleterre, sur d’anciennes pistes de l’aéroport de Margate.

« Etre chez moi pour Noël, c’est mort ! », peste le routier, qui habite à Cappelle-la-Grande, près de Dunkerque, et a traversé la Manche dimanche midi avant de décharger sa cargaison de peinture dans la nuit de dimanche à lundi.

Devant l’impossibilité de rentrer en France lundi, il raconte s’être garé sur un petit parking mais avoir écopé d’une amende de 70 livres pour stationnement illégal.

« Après, on a été parqués comme des bêtes à l’aéroport, il y a 12 files et plus de 100 camions par file », décrit-il. « C’est dégueulasse, il n’y a même pas de douche, ils ont juste mis des cabines de toilettes. Hier on a eu deux bouteilles d’eau de 50 cl, rien à manger ».

Mais surtout, pas de test à ce stade. « Pour les tests, on ne nous a rien proposé pour le moment », expliquait-il vers 9H00.

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