Contrat de sous-marins: Naval Group emmène huit PME françaises en Australie

Le constructeur naval a remporté en 2016 le « contrat du siècle » en Australie, représentant environ 34 milliards d’euros sur 50 ans pour 12 sous-marins d’attaque, la maintenance et la formation des équipages.

Le groupe est actuellement dans la phase de conception des sous-marins, hérités de la ligne de construction des Barracuda français, sans la dimension nucléaire.

Dans le cadre de ce contrat, la France a également promis d’entrer dans une logique de partenariat industriel, un effort détaillé jeudi par le groupe et Business France.

« Ce programme vise à doter l’Australie d’un outil de défense stratégique mais c’est aussi – c’était la volonté australienne explicite – l’occasion pour ce pays de restructurer avec beaucoup d’ambition une filière industrielle », a expliqué Christophe Lecourtier, directeur général de Business France.

Huit entreprises françaises ont ainsi été sélectionnées pour participer à une formation de 10 mois, en vue de s’implanter sur le continent australien, ont expliqué les deux groupes.

« L’Australie a décidé de nous confier la responsabilité de les aider à acquérir une souveraineté », commente Antoine Sajous, directeur de la souveraineté des futurs sous-marins australiens chez Naval Group.

« Il n’y a pas de souveraineté sans une base industrielle solide, pérenne et diversifiée. »

L’ampleur du contrat nécessite une large anticipation.

« Le premier sous-marin est prévu pour sortir dans les années 2030-31, et il aura certainement une longue phase d’essai et de validation avant d’être admis au service actif », a expliqué le responsable de Naval Group.

– L’opportunité Brexit –

Parmi les huit entreprises retenues pour la formation, Squad, une société de 400 personnes, assurera la sécurité des centre de données et systèmes informatiques à Adelaïde, dans le sud de l’Australie, où seront assemblés les sous-marins.

« En termes de ressources en cybersécurité, ils n’ont vraiment personne et ils sont très en demande de voir arriver des sociétés comme nous », commente son directeur général, Marc Brua.

« Notre objectif est de nous déployer pas seulement dans le domaine maritime, mais aussi d’aller taper à la porte d’autres sociétés, dans la banque et l’assurance par exemple ».

Un fabricant d’hydroliennes (des turbines hydrauliques générant de l’électricité), Sabella, fait ainsi partie des heureux élus.

« On est le vilain petit canard du groupe, on a absolument rien à voir avec le contrat militaire », s’amuse le responsable commercial de la startup, Jean-Christophe Allo.

Un petit canard avec de grandes ambitions: mettre à l’eau ses premières machines d’ici 2021 et atteindre d’ici 2025 un rythme de croisière de 10 à 20 machines installées par an.

Plus largement, Naval Group et Business France entendent profiter du contexte actuel, qu’ils jugent favorable, pour accélérer la dimension « tissu industriel » du contrat.

« Le Brexit a été un choc pour les Australiens », constate Christophe Lecourtier.

« Il est clair que la France, dans le grand marché européen, est regardée tout à fait différemment, et j’espère bien que dans les années à venir on va voir davantage d’entreprises australiennes ou de groupes financiers (…) investir en France ».

« D’autres décisions industrielles sont imminentes en Australie, le pays va bientôt décider de son deuxième méga programme naval, pour construire 9 frégates d’à peu près 5000 tonnes. (…) D’autres Etats et industries vont donc essayer de prendre pied en Australie », argumente Antoine Sajous.

L’opportunité n’est pas sans risques, notamment en termes de propriété intellectuelle, mais le constructeur naval veut rassurer ses partenaires.

« Notre rôle à Naval Group c’est de vous emmener contribuer à cette souveraineté (…) sans risquer de vous créer des concurrents locaux ou de vous faire déposséder de ce que vous avez construit », explique Antoine Sajous aux PME.

Naval Group, contrôlé à 63% par l’Etat français et à 35% par le groupe d’électronique, défense et transport Thales, a réalisé un chiffre d’affaires de 3,7 milliards d’euros en 2016 (+16%), dont 35% à l’international.

juj/ef/az

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