Des ONG humanitaires critiquent la surveillance aérienne des migrants par l’UE

Cette pratique représente une violation du droit international et des droits de l’Homme des migrants, qui sont renvoyés dans des camps de détention dangereux en Libye, ont affirmé quatre ONG humanitaires européennes dans un rapport publié jeudi.

Ces ONG — Alarm Phone, Borderline-Europe, Mediterranea Saving Humans et Sea-Watch — ont assuré que des “dizaines de milliers” de migrants ont été ainsi renvoyés en Libye, et empêchés d’atteindre l’Europe.

Cette stratégie a également entraîné des naufrages et des “morts en masse”, accusent les ONG, affirmant que les pays européens se sont en substance dérobés à leur devoir de sauvetage des migrants en mer afin de les empêcher d’atteindre leurs côtes grâce aux avions de Frontex, l’agence européenne de contrôle des frontières.

Frontex utilise des drones et des avions “pour établir la présence de bateaux en détresse et leur position mais sans lancer d’opérations de sauvetage”, selon les ONG.

Si de telles embarcations sont repérées dans la zone patrouillée par la Libye, l’agence n’alerte que les garde-côtes de Tripoli, même si des navires d’ONG humanitaires ou des cargos dans la zone “pourraient aider de manière plus rapide et plus appropriée”, affirment encore ces organisations.

Un porte-parole de Frontex a déclaré que ces affirmations étaient “totalement fausses”, ajoutant que l’agence avait contribué à sauver plus de 330.000 personnes au cours des dernières années. Il a également démenti l’utilisation de drones par l’agence.

Frontex a précisé qu’en vertu du droit international, il appartenait au “centre de sauvetage compétent” de décider quels bateaux, dans quelles zones, seront appelés à participer au sauvetage.

Mais les ONG affirment que les avions de l’UE “repèrent les bateaux de migrants en détresse et ne contactent que les autorités libyennes pour empêcher de facto d’autres bateaux de secourir les migrants et de débarquer les rescapés dans un port sûr”, hors du territoire libyen.

Après une pause forcée de deux mois dans des ports italiens, où ils avaient été immobilisés par les autorités pour des “raisons techniques”, deux navires humanitaires ont repris la mer début juin pour aller patrouiller en Méditerranée centrale.

Avec l’arrivée de l’été et de meilleures conditions de navigation, les tentatives de traversée de cette zone depuis la Libye pourraient se multiplier dans les prochaines semaines.

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