En mars, l’association de défense des consommateurs UFC Que Choisir poussait un cri d’alarme, estimant, après analyse, qu’un quart des volailles présentent des bactéries résistantes à un ou plusieurs antibiotiques.
Une antibiorésistance qui peut être transmise à l’homme par la consommation de cette viande. Le gouvernement a beau avoir lancé un plan EcoAntibio 2012-2017 qui prévoit de réduire de 25% en cinq ans l’usage vétérinaire d’antibiotiques, le recours à ces substances est encore trop « automatique », surtout en traitement préventif.
A la naissance, l’éleveur peut injecter un antibiotique à un veau, au cas où il développerait une maladie. En élevage de volailles, c’est pire car l’éleveur doit agir vite compte tenu de la courte vie des animaux (30 jours pour un poulet standard). Dans certains pays, les éleveurs peuvent même rajouter encore des antibiotiques dans les gamelles.
Pour réduire cette consommation, il faut avant tout améliorer la conduite des élevages: bien-être animal, bâtiments sains et de tailles suffisantes, la proximité favorisant la propagation d’une maladie. Mais les éleveurs peuvent aussi doper les gamelles avec des biostimulants.
« On récolte la laitue de mer pour en extraire des antioxydants, des protéines, des minéraux. Ensuite, selon les besoins de l’animal, on ajoute sous forme de poudre ces molécules à son alimentation afin de renforcer son système immunitaire, ce qui lui permet de résister à l’attaque des bactéries », explique Alain Reocreux, responsable du développement international chez Olmix.
Résultats: des éleveurs qui réduisent de 40 à 80% leur utilisation d’antibiotiques, selon lui.
– Des plantes pour neutraliser les symptômes –
La PME bretonne, qui emploie 250 personnes, est présente dans 64 pays et réalise 80% de ses 60 millions d’euros de chiffre d’affaires à l’export. Car dans les pays en développement, comme le Nigeria, ces compléments alimentaires permettent en outre de baisse les coûts de production.
Une autre entreprise française, Biodevas, propose ce type de solutions naturelles mais à partir de 120 plantes dont elle extrait les actifs. Le laboratoire sarthois utilise la technologie de gestion du stress oxydatif, qui permet de réduire la sensibilité des êtres vivants aux agressions extérieures.
« On ne vas pas tuer la maladie mais on va neutraliser les symptômes, et empêcher sa déclaration à l’état clinique », explique François Blua, son directeur général.
Les producteurs des poulets de la célèbre coopérative locale, Loué, utilisent massivement leurs produits. « Sur les poulets, on a à gérer tout un tas de parasites, les vers plats, les vers longs: l’utilisation de ces produits nous permet de les réguler et c’est très efficace », explique Yves de la Fouchardière, son directeur général.
Dans la coopérative, ils testent des plantes, des huiles essentielles, de l’argile, tout ce qui pourrait réduire l’usage de produits de synthèse. « On est même devenu le premier consommateur de sirop de grenadine en France, qu’on rajoute dans l’eau pour faire boire à nos poulets une plante qui sent mauvais », plaisante à moitié Yves de la Fouchardière.
Biodevas, créée en 2005 par François Blua et son père Jean-Louis, docteur en pharmacie, affiche des taux de croissance de 20 à 30% par an. Elle emploie 25 personnes et espère bien monter à 40 d’ici deux ans.
Pour eux, leurs produits sont plus pointus qu’une simple tisane car ils prélèvent les actifs naturels scientifiquement, avec un taux d’efficacité certifié à chaque fois.
Olmix comme Biodevas participeront au « Forum biocontrôle » organisé par le ministère de l’Agriculture mardi à Paris. Ce grand rendez-vous vise à consolider cette industrie des bio-alternatives aux pesticides et aux antibiotiques, en plein développement. Les deux entreprises proposent d’ailleurs le même type de solution pour les végétaux.
Mais si beaucoup d’alternatives sont déjà proposées en production végétale, peu le sont encore dans les élevages. Tant que la demande des éleveurs ne sera pas là, l’offre tardera à grossir, fait valoir le directeur général de Loué.