Il y a une semaine, huit minutes après son décollage depuis Kourou en Guyane française, le lanceur européen Vega a dévié de sa trajectoire, sans arriver à placer en orbite ses deux satellites embarqués, qui ont sombré dans l’Océan arctique.
Le satellite Taranis, fruit de quinze années de travail, devait être la première mission spatiale à explorer la face cachée des orages, des phénomènes électro-magnétiques méconnus qui se produisent dans les couches supérieures de l’atmosphère.
Comme toutes les missions scientifiques institutionnelles, elle n’était pas assurée. Son coût: 110 millions d’euros.
« On a tous été sidérés la nuit même de l’accident. C’était un cauchemar de voir tant d’années d’efforts réduites à néant, en un instant », a confié à l’AFP Christophe Bastien-Thiry, l’ingénieur responsable du projet Taranis au Centre national d’études spatiales (CNES), l’agence spatiale française, maître d’oeuvre et financeur du programme.
Peu après l’accident –dû à un défaut de fabrication du lanceur–, le CNES a mis en place un groupe de travail, chargé de faire des propositions pour une mission « Taranis 2 », qui doit remettre ses conclusions fin janvier 2021.
Objectif: « faire un état des lieux et réfléchir à refaire la mission au mieux, au plus vite, au plus simple et en minimisant les coûts », a détaillé Christophe Bastien-Thiry, qui dirige ce groupe de travail.
« On ne repartira pas de zéro car c’était un projet très documenté », assure-t-il. La conception de la plupart des huit instruments embarqués devrait ainsi permettre de les refaire à l’identique. Mais « pour certains instruments, il faudra un nouveau design car leurs composants ne sont plus produits », comme celui chargé de caractériser les rayons gamma provoqués par les orages.
Taranis 2 utilisera aussi une nouvelle plateforme pour intégrer ses instruments de mesure. L’actuelle, Myriade, a été développée par le CNES au début des années 2000 pour les micro-satellites. Y intégrer Taranis, qui faisait la taille d’une machine à laver, « avait été un défi d’ingénierie », selon l’ingénieur, pour qui « notre +chance+ va être de pouvoir utiliser des plateformes plus larges, ce qui va simplifier ».
L’intérêt scientifique de la mission est « toujours là », selon lui. « On a déjà eu un mail d’un laboratoire de la Nasa qui avait contribué à une sonde ionique (pour Taranis): ils sont partants pour repartir ».