Les 2,7 millions d’électeurs inscrits doivent élire en un seul tour, parmi sept candidats, leur prochain président pour un mandat unique de cinq ans. Le candidat arrivé en tête, quelque soit le nombre de voix et le pourcentage du corps électoral qui le soutiendra, prendra la tête de ce petit pays centraméricain marqué par le scandale des « Panama Papers » et une corruption endémique.
« Nito » Cortizo, un éleveur âgé de 66 ans, fait la course en tête en étant crédité de 36,1% des intentions de vote, selon le dernier sondage, publié jeudi par l’institut GAD3.
Derrière, selon ce sondage, se trouve l’ancien ministre des Affaires étrangères Romulo Roux, du parti Changement démocratique (CD, droite), avec 26,2% d’intentions de vote. Il est suivi par l’indépendant Ricardo Lombana (19,6%), qui a fait de la lutte sans merci contre la corruption son cheval de bataille.
Le vainqueur succèdera à Juan Carlos Varela, dont la popularité est affectée par la baisse de l’activité économique, l’augmentation du coût de la vie, des scandales de corruption et la crise des secteurs de la santé et de la justice.
M. Cortizo était ministre de l’ancien président Martin Torrijos (2004-2009) et avait démissionné pour cause de désaccord sur le Traité de libre-échange avec les Etats-Unis. Il promet de porter ses efforts sur l’amélioration de l’éducation, la réforme de l’Etat, la dynamisation de l’économie et la lutte contre la pauvreté et les inégalités.
– L’enjeu de la corruption –
Trois ans après la révélation des Panama Papers -désignant la fuite de millions de documents confidentiels issus d’un cabinet d’avocats panaméen révélant l’argent caché de multiples responsables politiques et milliardaires dans le monde-, le pays n’a toujours pas réussi à se défaire de son image sulfureuse de paradis fiscal, et n’a pas été épargné par le scandale des pots-de-vin distribués par le groupe brésilien de travaux publics Odebrecht.
Ricardo Lombana pourrait profiter de ce credo anticorruption. Il a d’ailleurs reçu dans les derniers jours de la campagne le soutien du chanteur panaméen Ruben Blades, une des légendes de la salsa.
Le musicien, âgé de 70 ans, n’a pas cité de nom, mais a appelé jeudi ses compatriotes à voter pour un candidat indépendant qui engage une réforme constitutionnelle visant à mettre fin à la corruption, ce qui correspond très exactement au programme de M. Lombana.
« Si notre pays continue avec ses institutions corrompues, il explosera » et il y aura des « réactions violentes », a averti Ruben Blades.
– Entre Chine et Etats-Unis –
Le prochain président devra aussi arbitrer entre les ambitions du géant chinois dans la région et les Etats-Unis, qui veillent jalousement sur leur traditionnelle sphère d’influence et un canal interocéanique stratégique.
Même si les Américains ont rendu au Panama la souveraineté sur le canal le 31 décembre 1999, ses 80 km constituent toujours pour Washington un enjeu essentiel.
On estime que 5% du commerce maritime mondial passe par les écluses du canal de Panama: 403 millions de tonnes de cargaison en 2017, dont 166 millions de tonnes des Etats-Unis et 44 millions de Chine.
Outre le président, les électeurs doivent choisir 71 députés, 81 maires et 700 autres élus locaux dans une ambiance empoisonnée par des scandales de corruption présumée impliquant des députés, dont des partisans des candidats Cortizo et Roux.