Baptisée « nouveau Canal de Suez sur rails » par le ministre des Transports Kamel al-Wazir, cet axe ferroviaire prévoit de transporter dès 2026 passagers et fret, à une vitesse maximale de 230 km/h – le premier train très rapide d’Egypte.
Le nouveau tracé traversera le nord du pays d’est en ouest, entre Aïn Sokhna, sur la mer Rouge, et Marsa Matrouh, sur la Méditerranée et desservira 21 gares, notamment la Ville du 6 Octobre, à l’ouest du Caire, où se situe le seul port sec du pays, ainsi qu’Alexandrie.
C’est le plus récent des mégaprojets lancés ces dernières années par le président Abdel Fattah al-Sissi, au premier rang desquels figure « la nouvelle capitale administrative » – ainsi nommée -, une cité?vitrine sortie du sable pour 58 milliards de dollars, à 50 km à l’est du Caire.
Pour l’heure et depuis son inauguration en 2024, elle reste peu peuplée. Les ministères y ont déménagé (les ambassades sont elles restées au Caire) mais les fonctionnaires qui y travaillent font la navette en bus depuis Le Caire.
Les autorités comptent sur la nouvelle ligne ferroviaire, nommée Ligne verte, pour pousser ceux qui y travaillent à s’installer sur place.
« Elle réduira la pression sur le Grand Caire et favorisera l’émergence de nouveaux centres de croissance », avance Faiçal Chaabane, PDG de Systra Egypte, filiale locale du groupe français spécialisé dans l’ingénierie des transports publics qui supervise les travaux.
– « Personne n’habitera ici » –
Sur place, la structure de la future gare de la nouvelle capitale se dessine déjà : six voies à ciel ouvert, escaliers de correspondance, et un comptoir estampillé « Billets ».
Autour du site pour l’instant vide, les panneaux promettent centres commerciaux, parking et zones résidentielles.
« Personne n’habitera ici. On aura construit un beau projet pour les touristes et les marchandises », glisse Mohamed sous couvert d’anonymat, un des ouvriers du chantier, tirant son transpalette bleu.
Les 108 millions d’habitants du pays – le plus peuplé du monde arabe – se concentrent dans leur grande majorité sur un axe allant du nord au sud, suivant le Nil et son Delta.
Les zones qui seront desservies par la nouvelle Ligne verte d’est en ouest étant effectivement surtout des ports, elle servira sans doute plus au transport de marchandises qu’à celui de passagers.
A terme, Le Caire table sur le transport de 15 millions de tonnes par an – soit environ 3 % du volume ayant transité par le Canal de Suez en 2024, indique à l’AFP Tarek Goueili, président de l’Autorité nationale des tunnels (NAT).
La ligne verte, dont les phases de test doivent débuter l’année prochaine selon Systra, représentera à elle seule un tiers d’un futur réseau long de 1.985 km imaginé par les autorités.
Doivent ensuite être construites – les projets n’ont pas encore débuté – une Ligne bleue, suivant le Nil d’Abou Simbel au Caire, et une Ligne rouge, qui s’étendra entre Hurghada, Safaga (sur la mer Rouge) et le nord de Louxor.
Le Caire espère transporter grâce à ce nouveau réseau 1,5 million de passagers par jour à horizon 2030.
La compagnie ferroviaire allemande Deutsche Bahn sera aux commandes pendant quinze ans, avec du matériel fourni par Siemens Mobility.
Utilisé chaque jour par un million de personnes, le ferré égyptien – l’un des plus archaïques du Moyen-Orient – connaît régulièrement collisions et sorties de route. En 2024, près de 200 accidents ferroviaires ont été recensés en Égypte.