Ferry incendié: dix morts, les incertitudes sur d’éventuels disparus persistent

Et ce chiffre ne prend pas en compte la mort de deux marins albanais venus en aide aux sauveteurs, victimes de la rupture d’un cable de remorquage pendant les opérations de secours en mer.

Seule certitude, 427 personnes, dont les 56 membres d’équipage, ont été sauvées des flammes à l’occasion d’une opération de sauvetage « sans précédent », selon les autorités italiennes.

Le ferry, toujours immobilisé par des remorqueurs à une quinzaine de miles de la côte albanaise, dans le canal d’Otrante, est désormais totalement évacué après le départ de son commandant lundi après-midi, dernier à quitter le navire.

Mais des dizaines de passagers du Norman Atlantic attendaient toujours mardi en milieu de journée leur retour sur la terre ferme.

Le navire militaire italien San Giorgio, qui accueille à son bord plus de 180 rescapés, était encore mardi en milieu de journée sur la zone de l’accident, à la recherche d’éventuels disparus. Attendu dans la matinée dans le port italien de Brindisi (sud-est), il devrait en fait ne regagner ce port de l’Adriatique qu’en toute fin de journée, a indiqué à l’AFP un officier de la marine militaire italienne.

Un cargo transportant une cinquantaine d’autres passagers du Norman Atlantic est attendu dans la journée à Manfredonia sur la côte est de l’Italie, selon les autorités maritimes italiennes.

La plupart de ces rescapés sont indemnes mais certains souffraient d’hypothermie ou de problèmes respiratoires.

L’incertitude entourant le nombre précis des passagers ayant embarqué à bord du ferry reste totale, d’autant que le navire a fait une escale en Grèce après son départ du port grec de Patras.

La liste d’embarquement du navire, battant pavillon italien et affrété par la compagnie grecque Anek, faisait état dans un premier temps de 478 personnes à bord, dont 422 passagers, mais la compagnie a ramené ce chiffre lundi soir à 475.

Il est « absolument prématuré » de parler de disparus, avait toutefois mis en garde lundi soir le ministre italien des Transports, Maurizio Lupi, soulignant les « doutes » qu’il avait sur l’exactitude de ce manifeste d’embarquement.

Certains des rescapés n’étaient même pas sur cette liste, a-t-il expliqué, alors que la présence de passagers clandestins est évoquée.

– sans nouvelle d’un dixième français –

Sur les 371 passagers récupérés sur le ferry, 234 sont Grecs, 54 Turcs, 22 Albanais, 22 Italiens et 10 de nationalité suisse, sans compter d’autres nationalités, selon M. Lupi. Neuf des dix Français présents à bord « ont été localisés et pris en charge », a indiqué le gouvernement français. Aucune précision n’a été donnée sur le dixième Français.

Les autorités maritimes italiennes, grecques et albanaises s’étaient lancées dès dimanche matin dans une course contre la montre pour récupérer des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants, pris au piège, pour certains pendant plus de 34 heures, sur le pont du ferry, battu par des vents glacés et enveloppé d’une fumée épaisse qui a longtemps gêné les secours.

La justice italienne va désormais s’efforcer d’éclaircir les circonstances de ce drame et désigner les responsables alors que des passagers ont dénoncé le manque de préparation de l’équipage.

« Il n’y a aucune alerte lancée, personne ne nous a dit quoi faire et j’ai dû chercher moi-même un gilet de sauvetage pour moi et mes enfants », a ainsi dénoncé l’un d’entre eux, interrogé sur les télévisions italiennes.

D’autres, comme la cantatrice grecque Dimitra Theodossiou, ont dénoncé devant la presse la brutalité de certains passagers, déterminés à embarquer les premiers, y compris par la force.

– les femmes frappées –

« Ils sont passés devant, en frappant les femmes pour prendre les premiers les hélicoptères », a-t-elle ainsi affirmé, soulignant elle aussi l’abence de consignes de la part de l’équipage du ferry.

L’enquête vise le commandant, considéré par les médias nationaux comme un héros, et l’armateur pour « naufrage » et « homicides involontaires ». Le navire a également été placé sous séquestre judiciaire, a précisé le ministère des Transports.

Le Norman Atlantic, un ferry de 186 mètres de long, sera peut-être remorqué jusqu’au port de Brindisi ou de Bari, sur la côte sud-est de l’Italie. Un remorquage vers l’Albanie, évoqué mardi matin par les médias italiens, n’a pas été confirmé par les autorités albanaises, interrogées par l’AFP.

Le président du Conseil italien Matteo Renzi est attendu en début d’après-midi à Tirana pour une viste éclair.

Le ferry, construit en 2009, avait récemment été inspecté. Selon l’amiral Giuseppe de Giorgi, chef d’état-major de la marine militaire italienne, un problème avait été détecté sur l’une des portes pare-feu, mais il avait été réglé avant le départ du navire, totalement fiable pour la navigation.

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