« Il existe une gradation statistiquement significative en termes de prévalence de pathologies entre les villes de Fos-sur-Mer, Port-Saint-Louis et Saint-Martin-de-Crau. Cette gradation serait liée à la distance de la zone industrielle », indiquent les chercheurs de l’Etude participative en santé environnement ancrée localement (Fos-Epseal).
Pour le deuxième volet de cette étude financée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), ils ont interrogé les habitants de Saint-Martin-de-Crau, à 30 km au nord de Fos.
Les répondants, soumis aux émissions du trafic routier mais aussi à la pollution industrielle dispersée par les vents, souffrent davantage de maladies chroniques, respiratoires et de cancers que la moyenne nationale : 12,4% ont été diagnostiqués pour un cancer au moins au cours de leur vie, contre 6% en France.
Mais la prévalence de ces maladies reste plus importante à Fos-sur-Mer et Port-Saint-Louis, où les habitants sont plus directement exposés aux polluants industriels.
« L’état de santé des habitants du front industriel serait plus fragilisé qu’à Saint Martin-Martin-de-Crau concernant les problèmes respiratoires dans leur ensemble (et en particulier les allergies respiratoires autres que l’asthme) et les symptômes chroniques (irritations des yeux, maux de tête, problèmes de nez/gorge et problèmes de peau chroniques) », concluent les chercheurs.
Début 2017, un premier volet de cette étude concluait que les femmes interrogées à Port-Saint-Louis et Fos-sur-mer avaient trois fois plus de cancers que la moyenne nationale, ou encore que 63% de l’échantillon interrogé déclarait une maladie chronique.
Utilisant une approche inhabituelle en France, impliquant fortement plus de 300 riverains, l’étude Fos-Epseal menée par une équipe franco-américaine avait été accueillie avec méfiance par les autorités en 2017.
Elle avait même donné lieu à une enquête de l’ARS Paca, qui avait conclu à son tour que les habitants de la zone industrielle connaissaient « un état de santé fragilisé, dans une zone fragilisée par la pollution environnementale ».