Girardin annonce un plan de 1,3 milliard d’euros pour le rattrapage de Mayotte

En déplacement à Mayotte depuis dimanche, un mois après la fin d’un mouvement de contestation populaire qui s’est traduit par une paralysie du territoire pendant plusieurs semaines, la ministre a tout d’abord tenu « à préciser une nouvelle fois » que « Mayotte restera française. Mayotte restera un département. Il n’y a pas d’agenda caché », a-t-elle assuré lors d’une conférence de presse.

Concernant le bras de fer en cours entre Paris et Moroni sur la question de l’immigration clandestine venue des Comores, que dénonce la population mahoraise, la ministre a assuré que « nous ne céderons pas (…) le temps de la diplomatie est toujours trop long (…) mais il n’empêche pas de travailler sur d’autres sujets », a-t-elle dit, en présentant son plan pour Mayotte.

Après l' »échec des politiques publiques depuis de nombreuses années » à Mayotte, « j’ai voulu des engagements fermes, concrets, précis, inscrits dans le réel, numérotés, financés », a-t-elle affirmé avant d’énumérer les mesures, dont certaines, notamment en matière de sécurité (mise en place de la police de sécurité du quotidien, augmentation des effectifs de police et de gendarmerie nationales, troisième escadron de gendarmerie mobile, etc), avaient déjà été annoncées lors de sa venue en mars et d’autres présentées par le Premier ministre à Matignon le 18 avril.

En matière d’éducation, Mme Girardin a annoncé près de « 500 millions d’euros d’investissements » sur le quinquennat pour la construction d’établissements scolaires, a confirmé la création d’un rectorat de plein exercice dans les deux ans et annoncé « plus de 500 recrutements ».

Une direction régionale de Pôle emploi sera aussi créée en 2019.

En matière de santé, une Agence de santé de plein exercice sera mise en place à Mayotte, les moyens dédiés à la prévention seront « doublés à hauteur de 15 millions d’euros » à partir de 2019 et « un effort de près de 200 millions d’euros sera consenti pour moderniser l’hôpital », comme l’avait annoncé la ministre de la Santé.

Pour faciliter l’accès aux soins des assurés sociaux, les personnes à faible revenu seront exemptées totalement de ticket modérateur « afin de leur ouvrir l’accès à la médecine de ville en 2019, avant l’extension de la couverture maladie universelle, CMU complémentaire, en 2022 ».

-transport en commun-

Elle a également promis « l’extension à Mayotte » d’une demi-douzaine de prestations et minima sociaux dans le champ du handicap, de la parentalité, du logement, de la restauration scolaire, « dont ne bénéficie pas pleinement » le jeune département à l’heure actuelle, mais en promettant d’en durcir les conditions d’accès pour éviter d’en faire « des accélérateurs d’immigration ».

L’Etat prévoit aussi la création d’un « fonds de développement social » destiné à construire des « crèches, établissements pour personnes âgées, services à la personne, aide aux parents, etc. », et va renforcer la création de logements sociaux.

Il va aussi mobiliser « plus de 110 millions d’euros au cours des quinze prochaines années, près de 40 millions d’euros sur le quinquennat », pour développer les transports en commun, et « mobiliser près de 150 millions d’euros » sur 2018-2020 pour accompagner les investissements des collectivités en matière d’eau, d’assainissement et de gestion des déchets.

Pour le député LR Mansour Kamardine, « la déception est au rendez-vous ». Dans un communiqué il a regretté que « les priorités budgétaires du plan soient de permettre la fixation des populations arrivées illégalement à Mayotte en formatant les systèmes éducatifs et de santé en conséquence ».

La députée Ramlati Ali (sans étiquette) s’est dite « satisfaite dans l’ensemble », regrettant cependant l’absence d’annonce concernant la création d’une piste longue à l’aéroport de Mayotte (pour désenclaver le territoire), qui va faire l’objet d’une mission interministérielle.

Le sénateur LREM Thani Mohamed Soilihi a salué « des mesures sans précédent », et promis de rester « vigilant », évoquant le « manque d’attractivité » du territoire.

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