« Néanmoins, la situation reste fragile et le retour à la normale devrait prendre plusieurs heures, durant la nuit et jusqu’à demain », a ajouté la représentation de l’Etat français dans cet archipel des Caraïbes, qui a décidé de maintenir le couvre-feu en vigueur jusqu’à 06H00 samedi (10H00 GMT) « afin de garantir la sécurité et la tranquillité ».
Quelques heures plus tôt, le préfet Xavier Lefort avait accusé « des salariés grévistes » de s’être introduits à 08H30 dans la salle des commandes de la centrale de Pointe Jarry et d’avoir « provoqué l’arrêt d’urgence de l’ensemble des moteurs ».
La centrale fournit la quasi-totalité de l’électricité sur le territoire très touristique de près de 380.000 habitants et « 230.000 foyers » ont été impactés par cette coupure, selon l’énergéticien français EDF.
Sur l’archipel, l’annonce de cette coupure généralisée avait provoqué une certaine inquiétude, concernant notamment la distribution de l’eau et le fonctionnement de l’hôpital.
– « Autonomie de 72 heures » –
Dès la constatation de la coupure, « les équipes de maintenance ont activé les groupes électrogènes sur l’ensemble des sites concernés », avait indiqué le Centre Hospitalier de la Guadeloupe (CHUG) dans un communiqué.
« Les unités critiques de l’hôpital disposent d’une autonomie de 72 heures », a poursuivi le CHUG.
Dans un supermarché du Gosier, près de la ville principale Pointe-à-Pitre, des habitants poussaient des caddies avec plusieurs packs d’eau et certaines marques manquaient déjà dans les rayons, mais rien de comparable aux instants précédant l’arrivée d’un ouragan, a constaté une correspondante de l’AFP.
Le président du département de la Guadeloupe, Guy Losbar, s’est dit, dans un communiqué diffusé vendredi soir, « particulièrement indigné par les graves conséquences du black-out général (…) suite au sabotage opéré dans la salle des commandes de la centrale thermique EDF-PEI de Jarry.
« Aucune revendication salariale, aussi légitime soit-elle, ne saurait justifier de tels agissements aux conséquences catastrophiques pour les foyers guadeloupéens, pour nos aînés, pour notre système de santé et pour la vie de nos entreprises », a écrit M. Losbar, qui « en appelle à la responsabilité et au bon sens des parties en présence dans ce conflit »
Les forces de l’ordre ont dû intervenir, à 9H00 (13H00 GMT), « afin de sécuriser la centrale EDF après les actions commises par certains de ses salariés », a aussi rappelé la préfecture.
Un conflit social oppose la branche énergie du syndicat CGT et la direction d’EDF Production électrique insulaire (PEI), l’entité de la compagnie française chargée du réseau d’alimentation des îles du pays.
Le conflit, qui dure depuis le 15 septembre, concerne l’application d’un protocole d’accord signé à la fin d’une première grève en 2023. A l’époque, la bataille sociale, qui s’était poursuivie pendant plus de deux mois, portait notamment sur la titularisation d’intérimaires, mais aussi sur le rattrapage de cinq ans d’arriérés de salaire.
Lundi dernier, la direction d’EDF PEI avait proposé la signature d’un accord, que la fédération de l’énergie de la CGT Guadeloupe a refusé, un dernier point d’achoppement portant sur le mode de calcul des congés payés.