Guinée-Bissau: un ex-chef militaire capturé et envoyé aux USA via le Cap-Vert

Le contre-amiral « Bubo Na Tchuto a été capturé dans les eaux internationales » proches du Cap-Vert lors d’une opération de police « nord-américaine et cap-verdienne », avec l’appui de la police judiciaire cap-verdienne et « il a déjà été emmené aux Etats-Unis », a rapporté RTC, sans plus de détails dans l’immédiat.

On ignorait notamment s’il avait été « capturé » seul ou avec d’autres personnes, où il a été conduit et pour quel motif.

Inforpress, l’agence officielle cap-verdienne, a de son côté rapporté que le président cap-verdien Jorge Carlos Fonseca a eu connaissance de « l’arrestation » jeudi dans les eaux internationales proches du Cap-Vert de l’ex-chef de la Marine de Guinée-Bissau pour trafic de drogue.

Le contre-amiral José Américo Bubo Na Tchuto figure depuis 2010 sur la liste des « barons de la drogue » établie par les Etats-Unis.

A Bissau, un officier des renseignements généraux s’exprimant sous strict anonymat a parlé à l’AFP d’un « enlèvement » du contre-amiral Bubo Na Tchuto par « des agents américains », alors qu’un ami de l’ex-chef de la Marine a affirmé qu’il a été « arrêté » et conduit aux Etats-Unis.

Le contre-amiral a été « enlevé par des agents américains. Nos agents nous ont signalé la présence d’Américains depuis deux semaines (en Guinée-Bissau), mais il n’y avait pas de précisions sur les vraies raisons de leur présence à Bissau », a dit la source aux sein des renseignements généraux, ajoutant sans plus de détails: « Ce sont ces agents qui ont probablement joué un rôle dans l’enlèvement du contre-amiral Bubo Na Tchuto ».

L’actuel directeur de la radio nationale bissau-guinéenne, Carlos Gomes Nhafé, ami de Bubo Na Tchuto, a assuré à l’AFP avoir eu au téléphone l’ex-chef de la Marine qui l’a informé de son « arrestation ».

« Il m’a appelé ce (jeudi) matin de Sal, au Cap-Vert, pour m’informer qu’il a été arrêté et qu’il est en route pour les Etats-Unis », a soutenu M. Gomes Nhafé, selon lequel il avait la voix cassée et n’a pas donné de précisions.

Jointe par l’AFP à Bissau, l’épouse de M. Bubo Na Tchuto a simplement indiqué n’avoir aucune nouvelle de lui depuis son départ de leur domicile, mercredi, tandis qu’aucune source officielle contactée au sein de l’armée n’a souhaité s’exprimer sur le sujet.

« Il est sorti de la maison hier (mercredi) comme d’habitude au volant de sa voiture pour des courses en ville, et depuis lors, il n’est pas rentré » à la maison, a dit son épouse, Cadi Baldé, la voix troublée.

Elle a précisé avoir demandé des nouvelles de son époux à la direction de l’armée, qui a indiqué avoir entendu les mêmes informations de presse qu’elle.

Des habitants de Cacheu, une ville de l’ouest du pays, ont indiqué par téléphone avoir vu Bubo na Tchuto sur place mercredi mais pas jeudi et n’étaient pas en mesure de dire s’il avait quitté la zone, dans quelles circonstances ou par quels moyens.

Le contre-amiral Bubo na Tchuto a été accusé d’avoir été l’auteur d’un coup d’Etat manqué en Guinée-Bissau le 26 décembre 2011. Il avait été arrêté, puis libéré avec 18 autres codétenus le 20 juin sur ordre de l’actuel chef de l’armée, le général Antonio Indjai.

Depuis sa libération, il était étroitement surveillé à Bissau, car il jouit d’une grande popularité au sein des forces armées.

Pays en proie depuis son indépendance du Portugal, en 1974, à une instabilité chronique, avec des coups d’Etat récurrents -avortés ou réussis- et des violences où l’armée joue un rôle prépondérant, la Guinée-Bissau est devenue une zone de transit de narcotrafiquants. Bubo Na Tchuto est soupçonné d’être impliqué dans plusieurs coups de force avortés ou réussis dans cet Etat à l’économie précaire.

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