InVivo se diversifie et mise sur l’international, face à la volatilité des céréales

Le groupe a présenté mardi un bénéfice en nette hausse, à près de 16 millions d’euros contre seulement 100.000 l’an dernier. Mais ce résultat est principalement dû à la cession de ses parts dans le spécialiste du commerce international de matières premières agricoles Toepfer.

Le chiffre d’affaires lui, a souffert de la baisse des cours des matières premières, céréales en tête, reculant de 8% à 5,7 millions d’euros.

L’objectif de Thierry Blandinières, patron du groupe depuis un an, est donc désormais « de stabiliser le groupe autour des 6 milliards d’euros de chiffre d’affaires, quel que soit le niveau des matières premières ».

Pour cela, l’idée est de diversifier les activités pour atténuer l’impact de la volatilité des céréales.

La stratégie est claire: « toute la croissance va se faire à l’international », principalement par des acquisitions.

« Aujourd’hui, le groupe est international à 50%, d’ici 10 ans il le sera à 75% », ambitionne M. Blandinières, qui voit une « fantastique opportunité » dans le développement des classes moyennes des pays émergents, « qui veulent consommer davantage de protéines ».

Aujourd’hui 5e groupe coopératif européen et 15e mondial, InVivo veut s’allier avec d’autres grands groupes coopératifs dans le monde, pour pouvoir rivaliser avec les géants du secteur. Le groupe vise « un partenaire par continent ».

– Applis et crevettes –

Parmi les créneaux porteurs identifiés, l’agriculture de précision. Ou comment permettre à l’agriculteur de piloter ses cultures à partir de son smartphone, en développant des applications rassemblant les données disponibles sur la météo, l’état des cultures, leurs besoins en eau ou en engrais.

Il y a un an, le géant américain des semences Monsanto a racheté un bureau d’études spécialisé sur le climat pour plus de 900 millions de dollars.

« Il y a un mouvement mondial sur l’agriculture de précision, on est obligés d’être dans le tour de table », souligne M. Blandinières.

Première étape début 2015: « créer le champion français du big data agricole » à Montpellier, où le groupe a racheté cette année un spécialiste des systèmes d’information pour le monde agricole, Maferme-Néotic.

L’entreprise espère pouvoir développer les premières applications destinées aux « smart-agriculteurs » l’an prochain.

D’ici à trois à cinq ans, InVivo va investir 10 à 30 millions dans ce secteur. Pour mutualiser la recherche, le groupe s’est allié avec de grandes coopératives allemande, danoise, suisse et britannique, via une société nommée Novafield.

Des équipes de chercheurs y travailleront sur l’agriculture de précision mais aussi sur la mise au point de semences enrobées de produits de « biocontrôle », alternative biologique aux pesticides.

« Des micro-bactéries pourraient être enrobées autour des semences pour diminuer l’utilisation des produits phytosanitaires », espère le patron d’InVivo, qui investit cinq millions d’euros par an dans la recherche sur le biocontrôle.

« Nous ne voulons pas dépendre de l’innovation des multinationales comme Monsanto ou Bayer. Il faut reprendre la main et capter la valeur ajoutée », explique-t-il.

InVivo s’intéresse aussi de près à l’aquaculture, en forte croissance au niveau mondial. En 2014, la majorité du poisson vendu dans le monde viendra pour la première fois de l’aquaculture et non de la pêche, selon l’ONU.

Le groupe s’est lancé dans l’élevage de crevettes, devenant le 1er producteur au Brésil, et dans celui du tilapia, un poisson élevé surtout en Asie.

L’objectif est de « maîtriser toute la chaîne de nutrition », expliquait récemment Matthieu Leroy, chargé de mission, en rachetant des entreprises spécialisées dans la nourriture pour les larves, et en menant des recherches sur les farines utilisées pour nourrir les poissons d’élevage.

Via des centres de R&D au Vietnam, au Mexique et au Brésil, InVivo teste aussi des vaccins, ou des souches génétiques de crevettes résistant mieux aux maladies.

emi/cb/az

MONSANTO

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