La Chine lève la saisie d’un navire japonais, au coeur d’une crise diplomatique

Le tribunal maritime de Shanghai, qui avait fait bloquer ce week-end le Baosteel Emotion, amarré au port de la province du Zhejiang (est de la Chine), a indiqué dans un communiqué avoir décidé de lui rendre sa liberté de mouvement.

Son propriétaire, la compagnie maritime japonaise Mitsui OSK, « a rempli ses obligations » et s’est acquittée des dommages et intérêts qui lui étaient réclamés, ainsi que de frais de justice à hauteur de 281.000 euros.

D’après les médias chinois, le tribunal maritime avait mis en exécution un jugement d’un tribunal de Shanghai, qui avait condamné en 2007 la firme japonaise à payer 2,9 milliards de yens (21 millions d’euros) de dommages et intérêts, dans le cadre d’un litige autour de la location de deux navires avant la Seconde guerre mondiale.

Le prédécesseur de Mitsui OSK, Daido Shipping, avait en 1936 pris en location ces bateaux de la société chinoise Zhongwei Shipping. Mais ils avaient ensuite été réquisitionnés par la marine japonaise dans le cadre de l’effort de guerre, avant d’être coulés en 1944. L’entreprise chinoise n’avait reçu aucune compensation.

Les descendants du propriétaire de Zhongwei Shipping avaient bien plus tard intenté des poursuites contre Mitsui OSK qui ont abouti à la condamnation de la compagnie japonaise.

Le porte-parole du gouvernement japonais, Yoshihide Suga, a estimé que des faits remontant à aussi longtemps « devraient être prescrits ». « De ce point de vue, ce cas est particulier », a-t-il ajouté pour bien signifier qu’il n’avait pas vocation à faire jurisprudence.

Lundi, M. Suga avait prévenu que les fondements de la relation « normalisée » du Japon avec la Chine depuis 1972 étaient menacés par la saisie du Baosteel Emotion. Il avait rappelé que la Chine avait déclaré « renoncer à demander au Japon des indemnités de guerre » lors de la déclaration commune sino-nippone qui avait scellé leur normalisation diplomatique.

Mais jeudi, il s’est montré nettement plus conciliant : « Tout comme la Chine, nous devons considérer ce cas comme ne relevant pas » de la question des compensations de guerre.

Il a néanmoins répété les « regrets » du Japon pour la saisie du navire. « Cette saisie soudaine pourrait dissuader les entreprises nippones de faire des affaires en Chine ».

Les relations entre la Chine et le Japon, deuxième et troisième puissances économiques mondiales, restent marquées par les atrocités commises par l’armée impériale nippone pendant son occupation d’une partie de l’Empire du milieu (1931-1945).

Des querelles historiques ressurgissent fréquemment entre les deux voisins, aggravées par des différends territoriaux, notamment autour des îles Senkaku de mer de Chine orientale, administrées par le Japon mais revendiquées par la Chine sous le nom de Diaoyu.

Cette atmosphère délétère pèse de plus en plus sur les relations d’affaires: les investissements des entreprises japonaises en Chine ont chuté de moitié au premier trimestre par rapport à ceux de la même période de l’an passé.

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MITSUI OSK LINES

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