La Fayette, la revoilà! 235 ans après, l'”Hermione” remet le cap sur l’Amérique

Selon l’agenda diffusé par l’Elysée, le président François Hollande devrait être présent samedi pour souhaiter bon vent à “la frégate de la liberté”, aux côtés de la ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal.

“Il y a deux siècles, ils étaient 242 à bord” — dont 130 à la manoeuvre — “nous, nous serons 80 en tout”, prévient Yann Cariou, commandant du trois mâts du XXIe siècle, mis à flots en 2014 à Rochefort (Charente-Maritime).

“Ce qui demande une heure, nous le commencerons trois heures avant”, ajoute ce digne successeur de René de Latouche-Tréville, commandant de la première “Hermione”, tristement naufragée au large du Croisic (Loire-Atlantique) en 1793 après sa glorieuse épopée américaine.

Yann Cariou compte sept tours du monde en 30 ans de marine nationale et six ans de marine marchande, dont trois ans à la barre d’un autre trois-mâts, le célèbre bateau-école “Belem”.

Sur l'”Hermione”, l’officier de 53 ans commandera un équipage de marins aguerris et de 54 bénévoles et passionnés de tous horizons, dont un tiers de femmes: moyenne d’âge 27 ans.

A bord, ils feront les 3/8 par tiers: bâbord tribord, milieu. Et tous endureront la traversée houleuse de l’Atlantique-nord durant six semaines, jusqu’à l’arrivée prévue le 5 juin dans la baie de Yorktown (côte est des Etats-Unis), théâtre de la déroute anglaise en 1781 face aux Insurgés américains commandés par George Washington, aidés par un corps expéditionnaire français avec Gilbert du Motier, marquis de La Fayette (1757-1834), le comte de Rochambeau et l’escadre de l’amiral de Grasse.

Mise en chantier à l’arsenal de Rochefort en 1778 sur les plans de l’ingénieur Chevillard Aîné, l'”Hermione” de La Fayette fut achevée en six mois. Sa réplique a quitté la cale de Rochefort en septembre 2014, au terme d’un chantier titanesque de 17 ans.

– A New York pour la parade du 4 juillet –

La construction du “navire-soeur” du vaisseau de La Fayette a mobilisé des centaines d’artisans venus du monde entier et les savoir-faire d’une trentaine de métiers.

Coque de 45 m de long, grand mât en pin d’Orégon culminant à 54 m, 2.200 m2 de voilure, 25 km de cordes et vitesse maximale de 14 noeuds (26 km/h) toutes voiles déployées: l'”Hermione” du XXIe siècle est une véritable “bête de course”, assure le “pacha”, qui table sur une vitesse moyenne de 4,5 noeuds pour un voyage de 7.500 miles (13.000 km).

Outre-Atlantique, des milliers de spectateurs férus d’histoire et/ou francophiles autant que passionnés de la mer attendront la frégate à chacune de ses 11 escales, le long de la côte est-américaine: Baltimore, New York, Philadelphie, Newport, Boston, etc…

Apothéose des célébrations de l’amitié franco-américaine, “des centaines si ce n’est des milliers” de bateaux à voile ou à moteur escorteront l'”Hermione” dans la baie de New York, pour la grande parade du 4 Juillet, jour de l’Indépendance, annonce déjà David Lincoln Ross, directeur éditorial des Friends of Hermione-Lafayette in America.

L’association organisatrice côté américain a aidé à lever un quart des 4,5 millions de dollars du coût du voyage.

Côté français, les quelque quatre millions de visiteurs du chantier dans la ville-arsenal de Rochefort et les donateurs, petits ou grands, ont contribué pour environ 60% du budget total de 25 millions d’euros, les collectivités locales et divers mécènes ayant financé les 30% restant.

Bénédict Conelly, président de l’Association Hermione-Lafayette, a fait jouer sans relâche ses réseaux pour trouver les financements durant 22 ans.

La nouvelle épopée de l'”Hermione” outre-Atlantique permettra à ce sexagénaire franco-américain de faire le chemin inverse de son père, qui débarqua sur les plages normandes en 1944.

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