Le « Gamal Abdel Nasser » – monstre d’acier de 199 mètres de long, capable de déplacer 22.000 tonnes – est passé sous pavillon égyptien lors d’une cérémonie au protocole un peu bousculé à Saint-Nazaire (ouest), sur fond d’agitation sociale à l’entrée des chantiers navals.
Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, et son homologue égyptien, Sedki Sobhi, qui devaient initialement s’y rendre, ont finalement annulé leur visite pour se rencontrer autour d’un déjeuner à Paris.
Au moins 600 personnes, selon la police, ont bloqué dans la matinée les accès aux chantiers navals STX de Saint-Nazaire pour protester contre le projet de réforme du droit du travail qui suscite depuis trois mois grèves et manifestations en France .
L’ex-Sébastopol, renommé Nasser, doit quitter Saint-Nazaire « dans les prochains jours » et rejoindre l’Egypte à l’issue d’un exercice conjoint des marines française et égyptienne, a précisé DCNS.
« La livraison du bâtiment de projection et de commandement (BPC) Gamal Abdel Nasser conforte notre relation de confiance avec la République Arabe d’Egypte », s’est félicité le PDG de DCNS, Hervé Guillou, dans un communiqué.
La livraison du second porte-hélicoptères (l’ex-Vladivostok), qui doit porter le nom d’un autre ancien président égyptien, Anouar el-Sadate, est quant à elle prévue courant septembre.
DCNS – qui exporte pour la première fois le BPC – fournira sept navires de combat (deux BPC, une frégate FREMM, quatre corvettes Gowind) à la marine égyptienne, en pleine modernisation, d’ici 2020. « D’autres projets sont à l’étude », souligne le communiqué, sans plus de précisions.
Le rachat des deux navires par l’Egypte, pour environ 950 millions d’euros, grâce à un financement saoudien, a mis fin à une affaire dans laquelle la France était empêtrée depuis le début de la crise ukrainienne.
La rupture du contrat avec Moscou a entraîné le remboursement par la France de quelque 949,7 millions d’euros, correspondant aux avances versées par la Russie, auxquels se sont ajoutés divers frais de gardiennage et de maintien en état opérationnel des navires, stationnés depuis plusieurs mois dans le port de Saint-Nazaire.
Navires de guerre polyvalents, les BPC peuvent transporter des troupes, jusqu’à 700 hommes, des hélicoptères, des barges de débarquement, des chars d’assaut et une soixantaine de véhicules.
Ils peuvent débarquer des troupes sur un théâtre d’opérations mais aussi assurer des missions humanitaires de grande ampleur, grâce notamment à un hôpital embarqué.