« Des salariés grévistes de la centrale thermique (…) se sont introduits à 8h30 dans la salle des commandes et ont provoqué l’arrêt d’urgence de l’ensemble des moteurs » de la centrale Jarry, a indiqué la préfecture de la Guadeloupe dans un communiqué.
Le retour à la normale sur le réseau électrique ne sera pas effectif, « dans le meilleur des cas », avant 15H00 (21H00 à Paris), a-t-elle prévenu.
Cet « arrêt complet de la centrale a conduit à l’effondrement de l’ensemble du système électrique », a souligné le préfet Xavier Lefort lors d’un point presse, s’insurgeant contre un acte qui met « gravement » en danger la population.
Après l’arrêt des moteurs, le préfet a fait appel à la gendarmerie nationale « pour sécuriser la salle des commandes » de la centrale et a décidé de « réquisitionner » les salariés nécessaires à son fonctionnement.
Un conflit social oppose depuis plusieurs semaines la branche énergie de la CGT et la direction d’EDF Production électrique insulaire (PEI) dans ce territoire des Antilles françaises de près de 380.000 habitants.
– « Autonomie de 72 heures » –
En Guadeloupe, l’annonce de cette coupure généralisée a provoqué une certaine inquiétude, concernant notamment la distribution de l’eau et le fonctionnement de l’hôpital.
« Les équipes de maintenance ont activé les groupes électrogènes sur l’ensemble des sites concernés » dès la constatation de la coupure, a indiqué le Centre Hospitalier de la Guadeloupe (CHUG) dans un communiqué.
« Les unités critiques de l’hôpital disposent d’une autonomie de 72 heures », a poursuivi le CHUG.
Dans un supermarché du Gosier, près de Pointe-à-Pitre, des habitants poussaient des caddies avec plusieurs packs d’eau et certaines marques manquaient déjà dans les rayons, mais rien de comparable aux instants précédant l’arrivée d’un ouragan, a constaté une correspondante de l’AFP.
À Jarry, poumon économique de l’archipel, certaines enseignes commençaient à fermer, a constaté une autre correspondante.
La situation est compliquée pour Léon Prosper Jimmy, ambulancier à Pointe-à-Pitre, « lors de la prise en charge chez le patient ou lors du retour à domicile pour ceux qui habitent en immeuble où il y a un ascenseur », explique-t-il.
Il faut donc les transporter dans les escaliers, « à bras d’hommes, on se relaie, on appelle des collègues en renfort, comme les pompiers à 3 ou 4, il faut soulever », poursuit l’homme de 41 ans.
« On se débrouille comme on peut », dit-il.
« Ce sont près de 230.000 foyers qui sont impactés par cette coupure », a écrit sur X Olga Givernet, ministre déléguée chargée de l’Énergie, assurant la mobilisation des services et opérateurs afin de rétablir « au plus vite » l’accès au à l’électricité de chaque guadeloupéen.
Le mouvement social, qui dure depuis le 15 septembre, porte sur la mise en oeuvre d’un accord signé début 2023, après deux mois de grève des mêmes agents, qui réclamaient une mise en conformité de leurs contrats et de leur rémunération avec le droit du travail, notamment cinq ans d’arriérés de salaires non versés.
Au 18 octobre, la mobilisation avait depuis occasionné des coupures d’électricité affectant jusqu’à 100.000 foyers.
Lundi dernier, la direction d’EDF PEI avait proposé la signature d’un accord, que la fédération de l’énergie de la CGT Guadeloupe a refusé, un dernier point d’achoppement portant sur le mode de calcul des congés payés.
La Guadeloupe est une zone non interconnectée, ce qui signifie qu’elle doit produire elle-même son électricité pour satisfaire la demande sur le territoire.
Sa production électrique dépend à près de 70% de l’énergie thermique: du fioul pour EDF et des granulés de bois pour la société Albioma qui fonctionnait encore au charbon jusqu’en juillet.
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