Le Canada lance un plan contre l’ingérence étrangère avant les législatives

Ces mesures sont nécessaires car « le Canada étant une société ouverte et démocratique, il constitue une cible attrayante pour les Etats étrangers hostiles, qui cherchent à corroder nos systèmes et nos institutions démocratiques », a déclaré Ralph Goodale, ministre de la Sécurité publique, lors d’une conférence de presse.

Il a pointé « les mensonges, la désinformation qui visent à induire en erreur la population, à déstabiliser l’économie ou la société, et à manipuler le processus démocratique », sans citer d’Etat en particulier.

Ces stratagèmes sont soit menés « à l’ancienne » par des services de renseignement étrangers selon des procédés classiques, ou de façon plus moderne avec « les médias sociaux utilisés pour calomnier des élus, des +trolls+ et des +bots+ déployés pour attiser l’anxiété et même susciter l’hystérie sur des questions sensibles (avec) des fausses informations travesties en informations légitimes ».

Dans un récent discours, le ministre avait en particulier dénoncé les actions de la Russie, « un pays qui a bafoué à répétition la primauté du droit et les normes acceptables ».

La Russie est accusée d’avoir tenté d’influencer les élections présentielles de 2016 aux Etats-Unis, en faisant de la désinformation sur les réseaux sociaux et en soutenant l’équipe de campagne de Donald Trump. Le président américain nie catégoriquement toute collusion avec le Kremlin malgré de multiples inculpations et condamnations d’ex-proches collaborateurs dans cette affaire.

Face à de telles menaces, Ottawa a mis sur pied le Groupe de travail sur les menaces en matière de sécurité et de renseignement visant les élections (MSRE).

Il est composé du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS, services de renseignement), de la Gendarmerie royale du Canada (GRC, police fédérale), du Centre de la sécurité des télécommunications (CST) et du ministère des Affaires étrangères.

Le MSRE deva « empêcher que des activités secrètes, clandestines ou criminelles n’influent sur le processus électoral au Canada ou ne s’ingèrent dans celui-ci », selon un communiqué du gouvernement fédéral.

– « Vrai danger » –

Cette structure devra notamment analyser « les activités étrangères sur les médias sociaux pour examiner les tendances et repérer les vulnérabilités canadiennes ».

La ministre des Institutions démocratiques Karina Gould a aussi souligné « les attentes » d’Ottawa envers ces plateformes telles que Facebook ou Twitter, les exhortant notamment à « prendre des mesures concrètes pour aider à protéger les élections de cet automne ».

Le gouvernement de Justin Trudeau a prévu une enveloppe de sept millions de dollars canadiens (4,6 millions d’euros) pour « aider les Canadiens à évaluer de manière critique les informations et les chroniques d’opinion (…) pour éviter d’être manipulés en ligne par des acteurs non identifiés », a-t-elle annoncé.

En 2015, lors du scrutin ayant porté les libéraux de Justin Trudeau au pouvoir, une attaque « peu sophistiquée » avait visé le processus électoral, vraisemblablement l’oeuvre de « hackers et de cybercriminels », avait indiqué en 2017 le CST, équivalent canadien de l’agence de surveillance américaine NSA.

« Il y a un vrai danger » de manipulation des élections canadiennes, « ce serait irréaliste de penser qu’on ne va pas être visés d’une façon ou d’une autre », a indiqué à l’AFP le sénateur Marc Gold, qui porte un projet de loi sur la sécurité nationale.

Cette réforme doit notamment permettre au CST de mener des actions offensives à l’étranger, ce qui « peut être important pour nous protéger contre l’ingérence pendant les élections ».

« Il faut être prêt à tout », a souligné ce sénateur, membre du Comité sur la sécurité nationale et la défense.

Voir les autres articles de la catégorie

ACTUALITÉS

Le Bénin et la mer

Découvrez GRATUITEMENT le numéro spécial consacré par Marine & Océans au Bénin et la mer

N° 282 en lecture gratuite

Marine & Océans vous offre exceptionnellement le numéro 282 consacré à la mission Jeanne d’Arc 2024 :
  • Une immersion dans la phase opérationnelle de la formation des officiers-élèves de l’École navale,
  • La découverte des principales escales du PHA Tonnerre et de la frégate Guépratte aux Amériques… et de leurs enjeux.
Accédez gratuitement à la version augmentée du numéro 282 réalisé en partenariat avec le Centre d’études stratégiques de la Marine et lÉcole navale

OCÉAN D'HISTOIRES

« Océan d’histoires », la nouvelle web série coanimée avec Bertrand de Lesquen, directeur du magazine Marine & Océans, à voir sur parismatch.com et sur le site de Marine & Océans en partenariat avec GTT, donne la parole à des témoins, experts ou personnalités qui confient leurs regards, leurs observations, leurs anecdotes sur ce « monde du silence » qui n’en est pas un.