Le Concordia, en route vers Gênes, avec à son bord dix-huit personnes

A bord de l’épave, une équipe de « salvage masters », d’architectes navals et de techniciens, venus des cinq continents, ont repris possession des coursives où se bousculaient il y a encore 30 mois plus de 4.000 passagers et membres d’équipage.

A leur tête: le spécialiste mondial du renflouement de navires, le Sud-Africain Nick Sloane, pour qui le sauvetage du Concordia, « son plus grand défi », est en passe de devenir son plus grand succès en 20 ans de carrière.

Ces dix-sept hommes et une femme, âgés de 30 à 66 ans, sont les derniers occupants du géant des mers, grand comme deux fois le Titanic.

« Il est difficile de ne pas être ému », a admis à la mi-journée Franco Porcellacchia, ingénieur de Costa Croisières, l’armateur du navire et l’un des acteurs de ce projet titanesque de sauvetage, encore jamais réalisé sur un bateau de cette taille.

« Ils l’ont fait, c’est incroyable », s’est écrié une femme sur le port, où touristes et habitants de l’île s’étaient massés depuis le matin. « Aujourd’hui, le Giglio est à nouveau à nous », a lancé de son côté, un autre insulaire, visiblement soulagé.

Près de 500 ingénieurs et ouvriers, de toutes nationalités, ont travaillé pendant deux ans et demi sur l’île de Giglio, tissant des liens avec ses habitants, pour redresser en septembre la coque du paquebot.

L’épave a ensuite été renflouée, mètre par mètre pendant plus d’une semaine à la mi-juillet pour permettre son ultime traversée vers Gênes.

Les habitants de l’île, médusés, ont vu le paquebot grandir peu à peu jusqu’à retrouver le paquebot dans toute sa hauteur, la coque par endroits rongée par les algues après 30 mois d’immersion.

Le départ du Concordia, très attendu par les quelque 1.500 habitants de ce paradis touristique, a été salué par des sirènes de bateaux et les cloches des églises.

Après avoir quitté le Giglio vers 11h00 (09h00 GMT), le Concordia, à une vitesse moyenne de 2,5 noeuds, se trouvait vers 18h30 (16h30 GMT) au sud-est de l’île d’Elbe, à quatre jours de Gênes, sa destination finale.

« Nous espérons qu’avec le départ de ce bateau, toutes les choses que nous avons en nous partiront également », a confié à l’AFP Anne Decré, du collectif français des survivants du Concordia.

– « Satisfaction mesurée et sobre » –

La catastrophe avait fait 32 morts et des dizaines de blessé parmi les plus de 4.200 passagers et membres d’équipage de 70 nationalités qui se trouvaient à son bord.

Tirée par deux puissants remorqueurs, l’épave du paquebot, long de près de 300 mètres et pesant quelque 114.500 tonnes, est escortée par huit (bien huit) autres embarcations tout au long d’une navigation de près de 280 km.

Il passera à 25 km de la Corse, près de l’île d’Elbe, avant d’arriver dans les chantiers navals du port de Gênes.

La ministre française de l’Ecologie Ségolène Royal a promis de surveiller le passage du paquebot à bord d’un navire au large de la Corse, provoquant l’agacement des autorités italiennes, qui jugent avoir fait tout ce qu’il fallait pour éviter un nouveau drame.

Au cours du trajet, les différentes embarcations faisant partie du convoi seront chargées de collecter d’éventuels débris flottants – valises, meubles, vêtements -, de contrôler la qualité des eaux et de prévenir les cétacés, nombreux en cette période de l’année, de l’approche du Concordia.

Barrages anti-pétrole et appareils à infra-rouge détectant la nuit toute trace d’hydrocarbure à la surface de l’eau seront également embarqués à bord.

Menée par l’armateur italien Costa Croisières (filiale du groupe américain Carnival) et effectuée par le consortium américano-italien Titan-Micoperi, l’opération de sauvetage du paquebot a coûté au total quelque 1,5 milliard d’euros.

Alors que d’autres membres de l’équipage ont négocié des peines à l’amiable, le commandant du paquebot, Francesco Schettino, est le seul à être actuellement jugé à Grosseto (centre) pour homicides par imprudence, naufrage et abandon de navire.

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