Le Norman Atlantic garde ses secrets trois jours après l’incendie

La plupart des 427 rescapés de ce drame ont pu enfin retrouver leur proches entre mardi et mercredi, mais le ferry, lui, restait toujours immobilisé mercredi en milieu de journée, dans le canal d’Otrante, qui sépare l’Italie de l’Albanie.

Il devrait en principe être remorqué vers le port italien de Brindisi (sud-est) par une compagnie spécialisée, dans le remorquage, la Smith Maritime, qui était déja intervenu en Italie sur le Costa Concordia, un paquebot dont le naufrage avait fait 32 morts en janvier 2012.

L’Albanie a annoncé mercredi en milieu de journée avoir officiellement autorisé mercredi le ferry à quitter ses eaux territoriales.

En attendant cette arrivée qui n’a cessé depuis lundi d’être retardée, le mystère reste entier sur le nombre de victimes de cette incendie, dont plusieurs pourraient encore se trouver dans les profondeurs du navire.

La présence de clandestins à bord est désormais « établie », trois d’entre eux font partie des survivants et ont été identifiés, deux Afghans et un Syrien ayant demandé l’asile politique, avait indiqué le procureur en charge de l’enquête ouverte en Italie, Giuseppe Volpe.

Mais il y en avait sans doute bien davantage cachés dans les nombreux camions transportés par le Norman Atlantic, a-t-il expliqué. Or, l’incendie s’est déclenché au niveau des ponts inférieurs, là où étaient garés ces camions. Deux des trois victimes italiennes de cette incendie sont des chauffeurs de camions.

Le port de Patras en Grèce, point de départ du ferry, est une des plaques tournantes du trafic de clandestins en Méditerranée, où des milliers d’hommes, de femmes et parfois d’enfants cherchent désespérememnt à s’embarquer en quête d’une vie meilleure.

– 500 personnes à bord –

Plusieurs rescapés ont aussi évoqué la présence de migrants clandestins à bord du ferry, à leur arrivée mardi à Brindisi ou lundi à Bari, un peu plus au nord.

Près de 500 personnes ont pu se trouver à bord du Norman Atlantic, d’après les estimations faites par le procureur Volpe. C’est nettement plus que les 474 personnes enregistrées sur le manifeste d’embarquement, selon la compagnie grecque Anek, qui a affrêté ce ferry.

Cette liste a été plusieurs fois révisée, passant de 478, puis 475 avant de s’établir mercredi à 474 passagers et membres d’équipage.

Sur les 371 passagers récupérés sur le ferry, 234 sont grecs, 54 turcs, 22 albanais, 22 italiens et 10 de nationalité suisse, sans compter d’autres nationalités … et deux chiens. Neuf des dix Français présents à bord ont été pris en charge, mais on est toujours sans nouvelle du dixième.

La justice italienne va désormais s’efforcer d’établir les circonstances de ce drame et de désigner les responsables, alors que des passagers ont dénoncé le manque de préparation de l’équipage.

Le commandant du Norman Atlantic, Argilio Giacomazzi, a été interrogé une partie de la nuit par les services du procureur Volpe, a-t-on appris de source judiciaire.

« Nous avons clarifié chaque aspect et répondu à toutes les questions », a affirmé son avocat, Alfredo Delle Noci.

Les enquêteurs se sont en particulier intéressés aux procédures de sécurité, que le commandant a dit avoir pleinement respectées, en particulier en ne donnant l’alerte générale qu’une fois établi le danger posé par l’incendie.

Plusieurs passagers avaient dénoncé l’absence d’alerte et de consignes de la part de l’équipage.

« C’était la panique à bord car on était plus de 400 personnes à devoir sortir par une seule sortie de secours », a ainsi raconté à l’AFP d’une voix émue une jeune Grecque, Urania Thiréou, hébergée à l’hôtel Nettuno de Brindisi, après avoir été secourue sur le ferry.

Les autorités maritimes italiennes, grecques et albanaises s’étaient lancées dès dimanche matin dans une course contre la montre pour récupérer des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants pris au piège, pour certains pendant plus de 34 heures, sur le pont du ferry, battu par des vents glacials et envahi par une épaisse fumée qui a longtemps gêné les secours.

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