Le Royaume-Uni persiste et signe, MyFerryLink interdite d’activité depuis Douvres

Sans surprise après une décision préliminaire en ce sens fin mai, l’autorité britannique de la concurrence et des marchés (CMA) a confirmé dans un communiqué « sa décision selon laquelle Eurotunnel ne doit plus être autorisé à exploiter le service de MyFerryLink depuis Douvres ».

« Eurotunnel aura six mois pour arrêter son service » ou trouver un repreneur pour les ferries de MyFerryLink, afin que la compagnie soit « complètement indépendante » de l’opérateur du tunnel sous la Manche, a-t-elle martelé.

Car pour l’autorité britannique, Eurotunnel, qui exploite le tunnel sous la Manche, a sapé la concurrence en rachetant en 2012 les bateaux de l’ex-SeaFrance et en les louant à MyFerryLink, Scop montée par les salariés de la compagnie en faillite.

Avec DFDS Seaways et P&O Ferries, MyFerryLink est l’une des trois compagnies desservant la ligne Calais-Douvres, principal point d’entrée pour le trafic transmanche en Grande-Bretagne.

« Le niveau actuel de concurrence sur la liaison n’est pas viable » et risque d’entraîner le retrait de l’une des compagnies, estime Alasdair Smith, chargé du dossier Eurotunnel/MyFerryLink au sein de l’autorité britannique.

Eurotunnel, « qui finance les pertes actuelles de MyFerryLink », se retrouverait donc à être « l’une des deux seules compagnies de ferries » sur cette ligne alors que le groupe exploite déjà « la ligne ferroviaire concurrente » dans le tunnel sous la Manche, accuse-t-il.

Sa part de marché « augmenterait encore » alors qu’il dispose déjà de « plus de la moitié du marché » des liaisons transmanche depuis l’acquisition des ferries de SeaFrance, ce qui ferait obstacle à la concurrence et risquerait d’entraîner une hausse des prix, dénonce M. Smith.

« Nous sommes conscients de l’effet potentiel de notre décision sur les emplois des salariés de MyFerryLink. Mais il y aura aussi des pertes d’emplois si MyFerryLink reste sur la liaison et qu’une autre compagnie se retire », affirme-t-il.

– Appel contre une décision qualifiée d »aberrante’ –

MyFerryLink, dont la survie et l’emploi de ses 600 salariés sont en jeu, et Eurotunnel ont immédiatement annoncé leur volonté de faire appel.

Rejetant « catégoriquement » les arguments de l’autorité qui, selon elle, n’est « pas compétente » en « matière de fusions », MyFerryLink juge que la CMA « restreint la concurrence en voulant réduire à deux opérateurs au lieu de trois l’offre aux clients ».

La compagnie tient en outre à rassurer ses clients à l’approche de l’été en assurant « que ses navires continueront à fonctionner pendant toute la saison et bien au-delà », l’appel devant être rendu « au plus tôt » fin 2014.

Son directeur général adjoint Raphaël Doutrebente a d’ores et déjà annoncé de très bons chiffres de réservations pour les vacances d’été, revendiquant 30% du marché transmanche pour juillet-août.

Au terme de la procédure, le perdant pourrait, selon M. Doutrebente, se tourner vers la haute cour de justice anglaise.

Eurotunnel a qualifié pour sa part la décision de l’autorité britannique d' »aberrante ». « La décision de la CMA (…) pénalise le consommateur et prive 600 personnes de travail sans réelle justification », a déclaré son PDG Jacques Gounon dans un communiqué.

Quant au secrétaire d’Etat aux Transports Frédéric Cuvillier, il a annoncé vendredi que l’État français allait « déployer tous les moyens » pour permettre à MyFerryLink de « continuer l’exploitation des navires » depuis Douvres.

Il estime également que « le détroit n’est pas saturé et qu’il y a la place pour trois opérateurs parmi lesquels MyFerryLink ».

Cette décision de l’autorité britannique intervient après un long feuilleton entamé en 2012.

La CMA avait déjà interdit en juin 2013 à MyFerryLink d’exploiter un service de ferries depuis Douvres avant que sa décision ne soit cassée en décembre par le tribunal d’appel de la concurrence britannique.

Mais l’autorité avait finalement assuré en mars qu’elle disposait bien de la compétence juridique pour se prononcer sur ce dossier complexe, au regard de la législation britannique en matière de fusions.

« On voulait nous couper la tête dès le départ. On a fêté nos un an d’existence, on va fêter nos deux ans et on va même fêter nos trois ans, avec tous ces délais », a assuré M. Doutrebente, serein.

mg-ngu/sgi/rhl

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