Les algues de Galice, le pari de jeunes entrepreneurs espagnols pour sortir de la crise

Armés de faucilles inoxydables et profitant de la marée basse, les trois experts vont de roche en roche à la recherche d’algues codium ou kombu, qu’ils rangent au fur et à mesure dans des sacs.

Une fois remplis trois gros sacs de 20 à 30 kg, ils remontent à pied l’escalier qui serpente jusqu’en haut de la falaise de cette côte sauvage surplombant l’océan atlantique, pour les charger à bord de leur voiture.

« C’est dur, mais nous sommes très motivés », explique Sergio Baamonde à l’AFP, un biologiste de 33 ans, qui a décidé en avril 2012 avec son ami Alberto Sanchez, 35 ans, également scientifique du monde marin, de créer leur propre entreprise « Conservas Mar de Ardora ». Objectif: exploiter durablement les algues pour l’alimentation, une activité qui a commencé en Galice en 1980.

En 2012, les ventes de produits écologiques liés aux algues se sont élevées à 3,8 millions d’euros, a affirmé en mars la ministre de l’environnement de la région de Galice, Rosa Quintana.

« Il y a un manque en ce moment en Galice de ce type de produits gastronomiques tirés des algues et nous tentont d’y entrer », explique Alberto, qui travaillait dans un centre de recherche biomédicale de Barcelone avant de se lancer dans cette nouvelle aventure.

Comme Alberto, Sergio a également travaillé dans un laboratoire de l’Université de La Corogne (nord) jusqu’à ce que « soient coupées les aides » publiques, comme ailleurs en Espagne où la cure d’austérité décidée en 2012 à frappé durement les secteurs de la recherche et de l’éducation.

De 2007 à 2009, il a conseillé les confréries de pêcheurs galiciens « sur la façon d’exploiter les algues » dans le cadre d’un programme du gouvernement régional.

« Ensuite, avec la crise, il n’y avait plus d’argent pour ce projet », explique Sergio, soulignant que la crise l’a clairement poussé à se lancer dans la création de son entreprise pour échapper à un chômage touchant un actif sur quatre.

« Il a fallu un an pour obtenir un financement » et réunir 300.000 euros dont moins d’un tiers provient d’un prêt bancaire, témoigne Alberto, assis dans son petit bureau à l’usine, installée depuis le début de l’année dans une zone industrielle d’Ortigueira.

Ces deux jeunes entrepreneurs y ont mis toutes leurs économies, bénéficié de l’aide de leur famille et d’une petite subvention publique qui leur a permis d’acquérir le terrain où se trouve leur usine.

– Saveurs inattendues –

« Nous cherchons à nous différencier par la qualité, la sélection des matières premières et l’élaboration » des produits biologiques face à des concurrents disposant de plus de moyens, dit Alberto.

« Nous ne mécanisons pas différents processus », comme le lavage des algues qui se fait à la main, dit Sergio. Lui, Alberto et Maria, la soeur de ce dernier, font tout: de la collecte, à la commercialisation de produits frais, en conserve ou déshydratés.

Parmi leurs clients, ils comptent des chefs comme Javier Olleros, une étoile au guide Michelin, ou Daniel Lopez, du restaurant « O Camiño do Inglès » de Ferrol, localité proche d’Ortigueira, un chef qui aime expérimenter de nouvelles saveurs à base d’algues.

« Vous pouvez obtenir des saveurs auxquelles les gens ne s’attendent pas », dit Daniel Lopez, tout en commentant avec passion sa préparation d’un plat de merlu enveloppé dans de la laitue de mer ou un autre de thon mariné sur un lit de codium.

La passion pour la recherche de Sergio et d’Alberto ne les a pas quittés et ils entendent conserver un « département scientifique » pour chercher de nouveaux processus de traitement et de production des algues respectant l’environnement.

« Notre idée est d’investir massivement dans la recherche et développement et nous avons beaucoup d’idées », dit Sergio plein d’enthousiasme.

« Les algues sont un produit saisonnier » et il faut donc se diversifier, renchérit Albert, qui envisage la culture de champignons.

« A long terme, nous voulons travailler d’autres produits de la mer comme des oursins, mais pour l’instant ce n’est qu’à l’état de projet », conclut-il.

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