Annoncée à la fin de l’année dernière par la Korea Development Bank (KDB), en quête de liquidités, l’intention de céder les filiales européennes du groupe sud-coréen STX en difficulté a pris un tour concret avec la révélation de l’existence d’un document à destination des investisseurs.
« La direction (du site français, ndlr) a informé jeudi le comité d’entreprise qu’une plaquette avait été réalisée pour démarcher les investisseurs », a déclaré à l’AFP Christophe Morel, délégué syndical CFDT, précisant que « cette plaquette aurait été réalisée par la banque Credit suisse, apparemment mandatée pour la vente ».
Selon Nathalie Durand, secrétaire de la section FO de STX France, « la direction a fait comprendre qu’elle avait appris l’existence de cette plaquette par une voie détournée », à savoir… par le biais d’un concurrent.
STX France n’a pas souhaité commenter les informations concernant l’existence de ce document, son directeur de la communication, Christophe Mabit, soulignant qu' »il n’y a pas d’expression de la direction de STX sur ce sujet ».
Principal créancier de STX en Corée du Sud, KDB en est devenu propriétaire l’an passé, le groupe ne parvenant plus à lui payer ses dettes. La banque avait rapidement fait savoir qu’elle envisageait de se séparer des sites qui trouveraient preneurs.
Pour M. Morel, la diffusion de la plaquette s’inscrit dans « la poursuite du processus de vente initié par KDB ». « Cela ne change pas grand-chose pour l’instant. Cette plaquette montre simplement que KDB chercher à se donner les moyens de vendre », a-t-il souligné.
Avec un carnet de commandes qui s’est spectaculairement rempli en quelques mois, au point de promettre une pleine charge de travail pendant cinq ans à ses quelque 2.000 salariés et 4.000 sous-traitants, STX France s’affirme aujourd’hui comme la filiale la plus dynamique du groupe sud-coréen.
– Droit de veto de l’Etat –
Mais un rachat apparaît hypothétique, aucun investisseur n’ayant ces dernières années manifesté d’intérêt pour cette activité éminemment cyclique et peu profitable.
En outre, l’Etat français, actionnaire à 33,3% de STX France, dispose d’un droit de veto qui limite les risques d’un raid destiné à s’approprier les technologies de pointe du chantier, également présent dans le domaine militaire, font valoir les syndicats.
En pratique, une éventuelle vente « peut mettre énormément de temps et ne jamais aboutir », estime M. Morel, soulignant n’avoir « aucune inquiétude » à ce stade.
« Plus que l’identité de l’actionnaire, l’important est la question de la stratégie et des moyens », fait valoir de son côté François Janvier, élu CFE-CGC, soulignant que le pacte d’actionnaires actuel avec l’Etat était « favorable » au site français, détenu à 66,6% par le groupe finlandais STX Europe, lui-même filiale du sud-coréen STX.
Après une période difficile, marquée par du chômage partiel, les anciens Chantiers de l’Atlantique ont enregistré une pluie de commandes, notamment celle, le 9 mai, d’un nouveau paquebot géant Oasis conclue par l’américain Royal Caribbean (RCCL) pour environ un milliard d’euros.
En mars, l’italo-suisse MSC Croisières avait commandé à STX France deux gros paquebots, pour 1,5 milliard d’euros. Le chantier, qui construit déjà pour RCCL un premier Oasis, le plus grand paquebot au monde (360 m, 8.000 passagers et membres d’équipage), livrable dans deux ans, a également engrangé en janvier un contrat de 270 millions d’euros pour la construction d’un ferry au gaz naturel pour la compagnie bretonne Brittany Ferries. Il espère par ailleurs la confirmation de quatre ferries pour la SNCM.
Plus critique, la situation de l’autre filiale de STX en Europe, le chantier finlandais de Turku, a conduit le gouvernement de Helsinki à révéler le 8 mai s’être allié avec l’allemand Meyer Werft pour négocier le rachat de ce site, menacé de péricliter.
Entrés dans le giron de STX en 2008, les anciens Chantiers de l’Atlantique avaient auparavant été contrôlés par Alsthom Atlantique (1976), puis par Aker Yards (2006).
phs/am
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