Finalement, seule une réception pour des minorités sexuelles et une discussion publique sur l’histoire de l’homosexualité s’y tiendront samedi, a indiqué à l’AFP le porte-parole d’Odessa Pride Kyrylo Bodelan. « On nous a interdit de marcher » mais « nous tenterons quand même de faire le minimum de ce qui était prévu », a-t-il ajouté.
« La décision du tribunal est illégale, elle viole notre droit constitutionnel de rassemblement », a encore accusé M. Bodelan.
Odessa Pride a été interdite jeudi par un tribunal local, saisi par le conseil municipal qui a dit craindre des violences. Un précédent défilé des homosexuels en juin à Kiev, deuxième Gay Pride de l’histoire de l’Ukraine, avait été attaqué par des ultranationalistes et s’est soldé par une dizaine de blessés et 25 interpellations.
Malgré cette interdiction, les organisateurs du défilé ont déclaré jeudi qu’ils allaient tout de même marcher dans des rues d’Odessa. Vendredi, ils ont indiqué à l’AFP qu’une manifestation était toujours prévue samedi mais que sa forme ne serait dévoilée qu’à la dernière minute pour des raisons de sécurité.
Le projet de la Gay Pride à Odessa avait été mal accueillie notamment par le mouvement ultranationaliste Pravy Sektor, qui avait attaqué le défilé de Kiev. Ce groupe avait été très actif durant la contestation proeuropéenne du Maïdan et participe actuellement aux combats contre la rébellion séparatiste dans l’est du pays.
« Nous n’allons pas battre les gays, mais la marche n’aura pas lieu », a déclaré cette semaine le chef de file de Pravy Sektor à Odessa, Sergui Sternenko, cité par Interfax.
L’administration régionale d’Odessa, dirigée par l’ex-président géorgien Mikheïl Saakachvili, a pris ses distance par rapport à l’interdiction du défilé. Interrogé par l’AFP samedi, son service de presse a réitéré qu’une telle décision relevait des compétences de la municipalité et non des autorités régionales.
L’homosexualité, qui était punie par la loi en URSS, reste très stigmatisée en Ukraine, une ex-république soviétique où l’Église orthodoxe a une forte influence. Plusieurs tentatives d’adopter une loi homophobe interdisant « la propagande homosexuelle », similaire à celle qui existe en Russie voisine, avaient cependant échoué au Parlement ukrainien en 2012.
La première Gay Pride dans l’histoire de l’Ukraine indépendante avait eu lieu en 2013, réunissant près de cent personnes à Kiev. En 2014, la « marche de l’égalité » avait été annulée, la police ayant refusé d’en assurer la sécurité.
En 2015, le président pro-occidental Petro Porochenko a exprimé son soutien à la « marche de l’égalité » ajoutant toutefois qu’il ne souhaitait pas y participer.