Les intentions du Japon et du Groënland au menu de la Commission baleinière

“Nous allons aborder des questions très controversées et les positions des pays sont très éloignées”, a déclaré à l’AFP Ryan Wulff, l’un des membres de la délégation américaine.

Cette 65e session de l’organe en charge de la gestion mondiale des grands cétacés est la première depuis le jugement de la Cour internationale de justice qui a estimé en avril que le Japon détournait à des fins commerciales la possibilité de chasser les baleines dans un but scientifique.

La décision de la CIJ, saisie par l’Australie, ciblait l’activité des baleiniers japonais en Antarctique, où ils retrouvent chaque année sur leur chemin l’ONG environnementale Sea Shepherd.

Le Japon a d’abord dit qu’il respecterait la décision de la juridiction onusienne et a renoncé à sa campagne 2014-2015 en Antarctique. Mais Tokyo a depuis dévoilé son intention de présenter pour 2015-2016 un nouveau programme de chasse scientifique, plus conforme aux exigences prévues par les dérogations au moratoire de 1986.

Si la CBI n’approuvait pas le programme de pêche scientifique en Antarctique présenté par le Japon, la commission n’aurait toutefois pas le pouvoir de sanctionner l’archipel.

Sous couvert de recherche scientifique, le Japon alimente une demande intérieure et la chair de baleine se retrouve dans les restaurants et les poissonneries.

Un responsable de la délégation américaine, Ryan Wulff, a indiqué à l’AFP que la recherche sur les baleines peut désormais se faire pas des “moyens non létaux”.

Depuis la mise en place d’un moratoire sur la chasse, les populations sont globalement en augmentation mais un certain nombre d’espèces restent très menacées, comme la baleine grise du Pacifique nord-ouest, la baleine franche de l’Atlantique nord-ouest et la baleine bleue, espèce emblématique en tant que plus grand animal de la planète.

Si la pression de la chasse a fortement diminué ces 30 dernières années, les baleines sont également victimes de collisions avec les bateaux et de la pollution sonore qui perturbe leur orientation et leur alimentation.

Outre le Japon, le quota alloué au Groenland, au titre de la chasse aborigène, sera un autre sujet sensible.

– Créer des sanctuaires –

A l’instar de quelques communautés (Alaska et État de Washington aux États-Unis), Tchoukotka (Extrême-Orient sibérien) et Saint-Vincent-et-les-Grenadines (petites Antilles), les habitants du Groenland ont préservé ce droit au nom de leur subsistance et du maintien de leurs traditions.

Mais en 2012, le Groenland avait été privé de quota car la proposition défendue par le Danemark, incluant une hausse du nombre d’individus pouvant être tués, avait été rejetée lors du vote.

Le Groenland a néanmoins continué à chasser les cétacés, affichant environ 200 animaux à son tableau de chasse. La proposition défendue cette année par le Danemark reprend l’hypothèse d’un quota en hausse mais certains accusent le Groenland de dérive, avec des restaurants proposant à des touristes des plats à base de baleine.

“Nous redoutons que cette proposition ait une visée commerciale”, a déclaré Kitty Block, de l’ONG Humane Society International (HSI), au sujet des intentions du Groenland.

Sujet déjà abordé lors de précédentes sessions, la création de sanctuaires dans l’Atlantique sud sera de nouveau sur la table, mais devra être approuvée par 75% des pays, ce qui n’a pas été possible dans le passé.

La création de sanctuaires vise à sécuriser des zones qui seraient protégées même si à l’avenir le moratoire sur la chasse devait être levé ou allégé.

La Norvège et l’Islande font partie de la CBI mais ont rejeté le moratoire de 1986 et continuent la chasse commerciale (respectivement 594 et 169 prises en 2013).

De nombreux pays voudraient voir la Commission baleinière assumer un rôle beaucoup plus actif dans la protection des cétacés, la mission de gestion de la chasse étant limitée.

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