Les ONG tirent un maigre bilan du gouvernement pour protéger la nature

Marseille, 3 sept 2021 (AFP) – Fini le temps des promesses: face à l’urgence environnementale, des ONG veulent des actes et des financements de la part Emmanuel Macron à l’occasion de l’ouverture du congrès de l’UICN vendredi à Marseille, jugeant son bilan actuel plutôt maigre.

Le Congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui rassemble agences gouvernementales, ONG, scientifiques, représentants des peuples autochtones, est un temps fort pour la protection de la nature. La France, pays hôte dont le patrimoine naturel est très riche, y tient un rôle particulier.

« Emmanuel Macron a voulu se positionner très fortement sur les questions environnementales et en particulier climatique », créant « de fortes attentes » rappelle Jean-François Julliard de Greenpeace France.

Quatre ans plus tard, « le mandat du président Macron ne laisse pas d’empreinte écologique », assène Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue de protection des oiseaux (LPO).

« Quelques mesures n’ont pas démérité », comme l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ou celui d’Europacity, « mais la biodiversité reste le parent pauvre dans les questions environnementales », dit-il à l’AFP.

Les associations naturalistes disent n’avoir jamais été reçues par le président de la République avant lundi.

– Présidence de l’UE –

Le gouvernement revendique à son actif une stratégie nationale pour la biodiversité visant à inverser le déclin des espèces sur 10 ans, une autre sur les aires protégées, ou encore une stratégie visant à lutter contre la déforestation causée à l’étranger par la consommation de produits en France, comme le soja ou l’huile de palme.

Lors de la sortie en 2019 du rapport des experts biodiversité de l’ONU, l’IPBES, sur l’état alarmant de la nature et lors de la création de l’Office français de la biodiversité (OFB), « le président a tenu des discours qu’aucun président n’avait tenu avant lui sur les impacts de notre modèle de développement pour la biodiversité », relève Jean-David Abel, de France Nature Environnement (FNE).

Emmanuel Macron appelait alors à « revoir en profondeur des modèles auxquels nous étions habitués » et promettait pour le congrès de l’UICN « des engagements concrets (…) pour renforcer la conservation des forêts, des océans, des espèces emblématiques, pour développer l’agroécologie » avec des moyens financiers.

Pour les ONG, alors que le président arrive à la fin de son mandat, le compte n’y est pas. « Nous n’attendons pas des intentions, des grands objectifs, mais des moyens et un calendrier », explique Jean-David Abel de France Nature Environnement (FNE), citant en exemple le manque de moyens humains et matériels pour réellement protéger les aires naturelles.

Plusieurs syndicats de l’OFB, chargé de gérer des espaces protégés ou encore de la police de l’environnement, disent « manque(r) cruellement de personnels » et demandent à mettre en cohérence les volontés et ambitions (…) avec les moyens accordés à la biodiversité », dans une lettre ouverte.

La directrice générale de WWF France, Véronique Andrieux, demande « qu’il n’y ait plus un euro d’argent public orienté vers des activités néfastes », comme cela peut être le cas dans l’agriculture intensive, la pêche ou des aménagements du territoire conduisant à artificialiser les sols.

Elle espère aussi « des engagements en terme de zones de protection forte en Méditerranée », une mer particulièrement victime de surpêche et de pollutions.

« On a eu un recul depuis trois ans, notamment sur les politiques liées à l’usage des pesticides avec le retour des néonicotinoïdes » ou encore une sortie du glyphosate qui ne se concrétise pas, énumère Samuel Léré de la Fondation Nicolas Hulot (FNH).

Il pointe aussi du doigt la déclinaison française de la nouvelle Politique agricole commune (PAC). « C’est un des gros points noirs, de continuer à subventionner toute cette agriculture nocive », critique-t-il.

« La France était pionnière en adoptant une stratégie nationale contre la déforestation importée, mais elle n’est pas mise en oeuvre et la déforestation se poursuit au Brésil », indique Jean-François Julliard.

La présidence française de l’Union européenne début 2022 pourrait toutefois permettre de faire avancer des dossiers, comme celui des « clauses miroir » imposant aux produits agricoles importés de respecter les normes européennes pour éviter toute distorsion de concurrence, espère la FNH.

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