Les secours à la recherche des disparus après un spectaculaire accident dans le port de Gênes

Mercredi matin, le bilan provisoire établi par les forces de l’ordre s’élevait à trois morts -deux hommes de la Capitainerie du port, dont un garde-côte de 30 ans, Daniele Fratantonio, et un pilote-, quatre blessés et six disparus.

Une quinzaine de personnes se trouvaient dans la tour quand celle-ci a été violemment heurtée par le navire. Selon les secours sur place, trois des personnes portées disparues se trouvaient dans l’ascenseur de la tour au moment du choc. On ignore si elles ont chuté dans l’eau ou se trouvent toujours prisonnières des ruines de l’édifice.

Un appel téléphonique est parti depuis un téléphone portable sous les décombres de la tour dans le courant de la nuit mais l’appel a été interrompu trop rapidement pour que l’emplacement de l’appareil puisse être identifié avec précision.

« C’est le moment où le plus de personnes se trouvaient dans la tour », ont expliqué des garde-côtes au journal local, il Secolo XIX, car au moment du choc, le tour de service changeait dans le personnel de la capitainerie du port.

Plusieurs heures après l’accident, qui s’est produit vers 23H30 locales (21H30 GMT), les plongeurs poursuivaient leurs recherches dans le bassin du mole Giano où se trouvait la tour métallique.

D’autres secouristes utilisaient des chiens pour retrouver des personnes sous les ruines de l’édifice.

Une grue déplaçait les ruines de la tour, tandis que le navire a été déplacé durant la nuit, a constaté un photographe de l’AFP. Un bateau des pompiers a aussi été aperçu dans le bassin du port.

Le maire de Gênes, Marco Doria, a proclamé un « deuil citoyen » face à « l’accident très grave survenu au port, qui frappe la ville entière », a rapporté l’agence ANSA.

Le chef du gouvernement Enrico Letta a envoyé sur place son ministre des Transports et des Infrastructures Maurizio Lupi pour une réunion de travail avec toutes les autorités locales.

Au moment de sortir du port, le plus grand port industriel et commercial d’Italie, le « Jolly Nero », un porte-conteneurs de la compagnie Messina, a, pour une raison inconnue, effectué une mauvaise manoeuvre et heurté de plein fouet la Palazzina Piloti, d’où sont contrôlés les mouvements des bateaux.

« Il a foncé sur la tour, mais à ce stade, nous ne savons pas pourquoi », a expliqué un employé de la Messina, basée à Gênes, propriétaire du bateau.

Sous le choc très violent, la tour de contrôle, une haute structure de métal où se trouvent les bureaux des pilotes du port ainsi que les garde-côtes, s’est inclinée de 45 degrés et une partie s’est même affaissée dans l’eau.

Les personnes qui s’y trouvaient sont tombées à l’eau. Les plongeurs des pompiers, arrivés très vite sur les lieux, ont repêché neuf personnes, dont trois étaient mortes.

Le parquet de Gênes a annoncé mercredi matin l’ouverture d’une enquête pour homicide involontaire contre X. Le substitut du procureur a placé le navire sous séquestre et interrogé le commandant.

Arrivé sur les lieux, l’armateur du bateau, Stefano Messina, était sous le choc: « jamais une chose pareille n’était arrivée. Nous sommes désespérés », a-t-il déclaré au bord des larmes.

Le président de l’Autorité portuaire, Luigi Merlo, ainsi que le maire, Marco Doria, ont également accouru sur les lieux.

« C’est une tragédie terrible. Nous sommes bouleversés, sans voix », a déclaré M. Merlo. « Pour le moment, c’est un accident inacceptable, un traumatisme incroyable pour toute la communauté du port. Maintenant nous pensons seulement aux victimes, ensuite nous essaierons de comprendre », a-t-il ajouté.

Le navire italien a près de 200 mètres de long, 30 mètres de large et pèse plus de 40.500 tonnes.

Selon les premiers témoignages, il semblerait que deux moteurs se soient bloqués, rendant le porte-containeurs incontrôlable.

Cet accident rappelle douloureusement aux Italiens la tragédie du Costa Concordia. Ce paquebot de croisière avait fait naufrage le 13 janvier 2012 après avoir heurté un rocher tout près de l’île toscane du Giglio, faisant 32 morts.

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