Le 16 septembre, le Stina, cargo de 150 mètres de long, battant pavillon barbadien et transportant 4.000 tonnes de bananes chargées en Colombie et à destination de l’Algérie, était arraisonné en mer par la frégate française, après un renseignement des services américains de lutte anti-drogue, la célèbre DEA (Drug Enforcement Administration).
Immobilisé à Fort-de-France durant trois semaines, avec 19 membres d’équipage philippins, et le capitaine, originaire d’Europe de l’Est, le cargo a été méthodiquement fouillé par les services des Douanes et des militaires.
Si en elle-même, la procédure douanière est qualifiée de « tout à fait normale » par les gardes-côtes, elle est rendue « exceptionnelle par la nature du fret, son conditionnement et sa taille », ont-ils indiqué.
Entre 10 et 15 militaires et 3 à 10 douaniers étaient constamment présents sur le navire, des équipes se relayant « 24 heures sur 24 », pour ouvrir plusieurs centaines de cartons, « empilés les uns sur les autres, sans système de palettes, ce qui a rendu les opérations beaucoup plus longues que d’habitude ».
« Quand on s’attend à trouver trois tonnes de cocaïne et qu’on ne trouve que des bananes, on est déçu », a reconnu Cédric Rollet, adjoint au Directeur des gardes-côtes en Martinique.
La cargaison de 4.000 tonnes de bananes, déchargée à quai, a été détruite car ses « normes sanitaires ne permettaient pas l’importation en Europe », a expliqué Cédric Rollet.
Conséquence, « l’Etat prendra en charge les dépenses, y compris l’indemnisation de la perte commerciale », a indiqué la préfecture de Martinique, précisant que le coût est toujours « en cours d’évaluation ».
Mais selon Nicolas Marraud Des Grottes, président de Banamart, union de producteurs de banane de Martinique, « une caisse de 18,5 kilos de bananes colombiennes premium coûte 5 dollars à l’achat, prix auquel il faut ajouter le coût du transport et du carton, soit environ 11 dollars par caisse au total ». Sur la base de cette estimation, le coût des 4.000 tonnes de bananes colombiennes « avoisinerait les 2,4 millions de dollars, soit 1,8 million d’euros ». Mais, a précisé Nicolas Marraud Des Grottes, ce coût est « variable en fonction de la catégorie de la banane ».
L’équipage philippin, sans visa, a dû rester à bord du navire durant les trois semaines, mais s’est montré « très coopératif », a assuré M. Rollet.
Le Stina a finalement repris la mer lundi soir, sans sa cargaison.