Migrants, défense commune et A400M au menu d’une réunion en France de ministres européens de la Défense

Les responsables français, allemand, polonais, italien et espagnol sont réunis à Lorient (Bretagne, ouest) – une des ultimes poches de résistance de la Wehrmacht – pour le 70e anniversaire de la libération de la ville, le 10 mai 1945, deux jours après la capitulation du Reich. Ils anticipent ainsi le conseil des ministres européens de la Défense prévu le 18 mai.

Au deux grands thèmes déjà prévus – migrants et défense européenne commune – vont s’ajouter des échanges autour de l’avion de transport militaire européen Airbus A400M, dont un exemplaire s’est écrasé samedi dans le sud de l’Espagne lors d’un vol d’essai.

Dans l’attente des résultats de l’enquête sur l’accident, qui a fait quatre morts et deux blessés graves samedi, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et la Turquie ont décidé d’immobiliser temporairement leurs Airbus A400M. La France, qui dispose d’une flotte de six A400M a pour sa part annoncé qu’ils continueraient à voler.

Après une série de naufrages dramatiques de migrants, les ministres vont notamment “examiner les modalités possibles pour une action (militaire) européenne” en Méditerranée, a-t-on indiqué au ministère français de la Défense.

Réunis dans l’urgence le 24 avril, les chefs d’Etat et de gouvernement européens ont décidé de demander l’aval de l’ONU pour mener des actions militaires contre les passeurs de clandestins en Libye.

La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, doit en présenter les contours lundi au Conseil de sécurité des Nations unies.

L’UE, qui envisage d’intercepter et de détruire les bateaux utilisés par les passeurs pour tracter jusqu’en haute mer des embarcations chargées de migrants laissées ensuite à la dérive, se heurte au droit international, qui lui interdit de se rendre dans les eaux territoriales libyennes ou d’arrêter un navire battant pavillon, sans mandat international.

En attendant ce feu vert de l’ONU, qui risque de se heurter à des objections de la Russie, les Européens pourraient agir contre les navires qui ne battent aucun pavillon.

Dans tous les cas de figure, ils vont commencer par le plus simple, la mise en commun du renseignement sur les trafiquants, indique-t-on de sources européennes.

Une surveillance aérienne et par radar pourrait compléter les écoutes téléphoniques et les renseignements collectés par les navires qui croisent actuellement en Méditerranée, notamment au sein de la mission européenne Triton.

Il faut pouvoir “identifier les zones de départ, la situation sécuritaire sur place” et mettre en place “une équipe multinationale d’officiers planificateurs” des opérations, explique-t-on de source militaire à Paris.

– ‘Une horde de poules’ –

La France, qui se plaint d’être souvent seule militairement face au terrorisme, notamment en Afrique, a aussi à coeur de faire avancer la défense européenne, l’un des enjeux du sommet européen de juin.

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a dressé jeudi un tableau peu flatteur de la politique européenne de défense, estimant qu’une “horde de poules” était plus combative que l’UE. Il a notamment regretté que les Européens agissent en ordre dispersé pour l’acquisition de matériels militaires.

“Il s’agit de redresser les budgets de défense dans l’UE, de renforcer les capacités militaires européennes – notamment les drones – et de consolider la base industrielle de défense”, souligne le Premier ministre français, Manuel Valls.

La France et l’Allemagne vont ainsi réaliser conjointement un satellite militaire d’observation CSO. Avec l’Italie, elles devraient aussi lancer cette année les études pour un drone européen.

Côté dépenses militaires, la Pologne, qui poursuit un vaste programme de modernisation de son armée, sera un des rares pays de l’Otan et de l’UE à atteindre dès 2016 le seuil de 2% du PIB en la matière.

L’Allemagne devrait aussi étoffer son budget militaire à 34,9 milliards d’euros d’ici 2018 (contre 33 milliards en 2015) et la France a décidé d’augmenter le sien de près de 4 milliards d’euros sur la période 2016/2019 (son budget défense est de 31,4 milliards en 2015).

La Pologne va continuer toutefois à donner la priorité à l’Otan et à la coopération militaire au sein de l’Alliance, estime l’expert polonais Mariusz Cielma, même si elle deviendra en 2016 le sixième pays membre de l’Eurocorps et vient d’opter pour l’acquisition de 50 hélicoptères européens Caracal.

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