Ces rejets d’égouts et de toilettes devraient avoir lieu du 18 au 25 octobre dans le grand fleuve canadien en raison de travaux majeurs sur un échangeur autoroutier sous lequel se trouve une conduite majeure acheminant ces eaux usées vers une station d’épuration.
Après avoir un premier temps suspendu ce projet, l’édile de la municipalité québécoise l’a finalement maintenu, jugeant que c’était l’unique solution viable.
Autrement, a-t-il poursuivi, il faudrait recourir à « 1.500 unités mobiles » (des camions vidanges, NDLR), et « ce n’est pas réaliste de façon technique », a-t-il asséné lors d’un point de presse.
Dès que les intentions de la municipalité montréalaise ont été annoncées en fin de semaine dernière, de nombreuses voix ont réclamé l’abandon de ce projet polluant. Mais selon M. Coderre, cette opération aura « peu d’impact » sur l’environnement.
Une pétition en ligne intitulée « Le Saint-Laurent n’est pas une poubelle » a déjà recueilli 57.700 signatures.
Même le gouvernement conservateur fédéral, d’ordinaire peu porté sur les questions environnementales, s’est saisi du dossier, indiquant que ce rejet d’eaux usées contrevient à la loi sur les pêches du ministère de l’Environnement.
« Nous sommes très préoccupés par la situation entourant la décision de Montréal de déverser des eaux usées dans le fleuve Saint-Laurent », a ainsi indiqué lundi le ministre fédéral de l’Infrastructure, Denis Lebel, sur son compte Facebook.
« Savez-vous qu’il y a d’autres grandes villes comme Toronto pour ne pas la nommer, où il y a des milliards de litres d’eaux usées rejetées dans le lac (Ontario, NDLR). Pas dans le fleuve: dans le lac. Et qui ne sont pas déclarées », s’est justifié M. Coderre, appelant le ministre Lebel à ne « pas faire de la politique » avec cette polémique, à deux semaines des législatives canadiennes.
Prenant sa source dans les Grands Lacs, le Saint-Laurent se jette dans l’Atlantique nord, dans le golfe qui porte son nom, après avoir parcouru 1.100 km. On y recense 64 espèces d’animaux terrestres, 19 espèces marines, dont des dizaines de baleines et l’unique colonie de bélougas en-dehors de l’Arctique, 80 sortes de poissons et 399 types d’oiseaux différents. Le Saint-Laurent fournit également 45% de l’eau potable consommée par les huit millions de Québécois.
