L’audience, jeudi à la cour d’appel de Rennes, s’est ouverte sur une demande de renvoi du procès, formulée par l’avocat de l’armement turc, tout juste commis d’office, et qui a été acceptée.
Me Olivier Pacheu a notamment expliqué que son client, Mehmet Gomuc, représentant de la société Onurhan Denizcilik, n’a pas pu obtenir de visa pour se rendre au procès.
Le 22 janvier 2013, le tribunal correctionnel de Brest avait condamné le commandant et le second de l’Ocean Jasper, tous deux de nationalité azerbaïdjanaise, à respectivement quatre et trois ans de prison, mais relaxé l’armement turc, poursuivi en tant que personne morale pour homicide involontaire, délit de fuite et non-assistance à personne en danger.
Le parquet de Brest avait fait appel de la décision de relaxe, tandis qu’aucun appel n’avait été interjeté concernant la condamnation du commandant et de son second, jugés en leur absence.
Dans la nuit du 16 au 17 août 2007, le caseyeur breton et l’Ocean Jasper, navire battant pavillon des îles Kiribati, étaient entrés en collision au nord de l’île d’Ouessant, dans les eaux internationales. Le cargo avait poursuivi sa route sans prévenir les secours et malgré un trou dans sa coque, que l’équipage s’était empressé de colmater.
Le patron du Sokalique, Bernard Jobard, avait péri noyé, tandis que les six autres marins du navire de pêche avaient pu être secourus.
« L’armateur a été constamment en relation avec son équipage dès lors que le bateau est entré en collision avec le Sokalique, jusqu’à l’organisation de sa tentative de fuite dans les eaux internationales », estime Vincent Le Luyer, avocat de plusieurs marins et d’Yvette Jobard, la veuve du patron-pêcheur.
Cette dernière souhaitait un nouveau procès afin de faire avancer le droit maritime, jugeant « révoltante » la relaxe de l’armateur. L’ancien président Nicolas Sarkozy avait obtenu l’accord des Kiribati pour que l’équipage soit jugé en France et non dans le pays d’immatriculation du cargo comme le prévoit le droit de la mer pour les accidents dans les eaux internationales.