La liste des décès confirmés s’allongeait à 65 jeudi, tandis que celle des rescapés n’évoluait pas, à 14 survivants, dont le capitaine du bâtiment.
Près de 380 victimes restaient portées disparues, des corps que les plongeurs tentaient de récupérer dans les eaux boueuses du fleuve, à l’intérieur ou à l’extérieur de la carcasse du navire.
L' »Etoile de l’Orient » (le Dongfangzhixing) s’est retourné en moins de deux minutes lundi soir, par très mauvais temps, avant de s’échouer par 15 mètres de fond, seule une partie de la coque demeurant à l’air libre.
Les sauveteurs ont pratiqué une ouverture dans cette partie émergée et, ne rencontrant aucun signe de vie, ont ressoudé les tôles jeudi, a rapporté la chaîne de télévision CCTV, l’un des deux grands médias d’Etat qui sert de source à toute la presse chinoise.
Trois grues imposantes ont été placées sur la berge du fleuve et devaient tenter de soulever le navire de 76 mètres de long, qui transportait une majorité de retraités s’étant offert une croisière.
« Si aucun signe de vie n’est détecté après 72 heures, alors le bateau sera redressé », a déclaré Wang Zhigang, le coordinateur des secours, cité par l’agence de presse Chine nouvelle.
Au total, selon CCTV, 39 cadavres ont déjà été ramenés à terre, où près de 300 proches de disparus sont arrivés jeudi. Quelque 200 autres se sont enregistrés pour rejoindre le site du naufrage dans les prochains jours, a indiqué à l’AFP une femme travaillant dans un centre d’accueil des familles.
Sans attendre les bus officiels affrétés par les autorités, certaines familles arrivaient aussi à bord de leur propre véhicule, ayant conduit jusqu’à une dizaine d’heures depuis Nankin et autres villes d’où venaient les passagers.
– Les cercueils sont prêts –
L’accès au site de la catastrophe restait très verrouillé pour les médias étrangers et les forces de l’ordre étaient présentes en nombre devant un funérarium voisin.
Des clichés diffusés par un quotidien local avaient montré mercredi des rangées de cercueils préparés par une entreprise de pompes funèbres.
Selon l’agence officielle Chine nouvelle, cela pourrait être l’accident de navigation le plus meurtrier dans le pays depuis presque 70 ans.
Tandis que les médias d’Etat privilégiaient la thèse d’un naufrage provoqué par une tornade qui aurait subitement frappé la région, des voix se demandaient pourquoi le bateau n’avait pas choisi de s’abriter en s’amarrant, comme l’ont fait d’autres navires, après que les autorités fluviales eurent prévenu à 17H00 de l’arrivée d’une tempête, trois heures et demi avant le drame.
Le capitaine du navire était toujours interrogé jeudi par les enquêteurs, et les autorités n’ont pas précisé comment il avait survécu ni quels avaient été ses derniers actes avant le chavirement du bateau.
Les informations sur le naufrage restaient contrôlées par Pékin, qui se livrait dans les médias étatiques à une opération de propagande mettant en avant le Premier ministre Li Keqiang, pilotant les secours.
Les médias chinois ont reçu pour directive de suivre la ligne dictée par les organes centraux, et de se concentrer sur les informations positives décrivant les secours.
Lors d’une conférence de presse officielle mercredi, des représentants des autorités se sont gardés de fournir un bilan de victimes et ont refusé de prendre une seule question.
Un plongeur nommé Guan Dong, qui est parvenu à sauver une sexagénaire qui avait trouvé refuge dans une poche d’air, s’est en revanche vu offrir la possibilité de narrer largement son exploit.
« D’une main elle se cramponnait à un tuyau dans sa cabine, de l’autre elle tenait une lampe torche », a-t-il relaté. « Elle a fondu en larmes en me voyant apparaître ».
Frustrés par l’absence de nouvelles et réclamant des explications, des proches des passagers ont laissé éclater leur colère mercredi devant la mairie de Shanghai, suscitant une intervention policière musclée.