Nicaragua/Chine: protestations anti-canal, deux morts selon les opposants, la police dément

Les incidents se sont produits lors d’une manifestation qui a débuté mardi dans la commune de Tule, dans la province de Río San Juan, et s’est poursuivie mercredi. Elle rassemblait des centaines de paysans qui protestent contre l’expropriation de leurs terres.

Au moins 21 personnes ont été blessées et 33 arrêtées lors de la dispersion par la police des manifestants, a déclaré à la presse la directrice de la police Aminta Granera. Elle a précisé que 15 policiers et 6 civils avaient été blessés dont l’un grièvement.

En revanche, elle a démenti que deux personnes aient été tuées comme l’ont affirmé le député Eduardo Montealegre, membre d’un parti d’opposition de droite au président Daniel Ortega, le parti libéral indépendant (PLI) et l’un des organisateurs, Daniel Lorio.

« La police nous a attaqués avec des bombes lacrymogènes et des balles à blanc », a déclaré auparavant à l’AFP Daniel Lorio, qui affirme avoir vu les corps des deux victimes sur la route.

Il a aussi indiqué que 33 personnes avaient été arrêtées et qu’elles seraient poursuivies pour « dommages aux biens, au commerce, pour blessures graves et pour mise en danger de personnes ». Il a précisé que la police avait agi avec violence parce qu’un groupe de manifestants avaient mis le feu au poste de police de Tule.

Le chantier pharaonique du canal interocéanique a été lancé officiellement lundi par les autorités du Nicaragua et l’entreprise chinoise HKND.

Estimé à 50 milliards de dollars (cinq fois le PIB du pays) il s’agit du projet le plus ambitieux d’Amérique latine.

Depuis des mois les manifestations se multiplient, de paysans menacés d’expropriation mais aussi d’associations inquiètes du risque de catastrophe écologique.

Les travaux, qui doivent durer cinq ans, commenceront au niveau de l’embouchure du Brito, sur la côte Pacifique sud.

Le canal traversera le lac Cocibolca, plus grande réserve d’eau douce d’Amérique centrale, poursuivra sa route à travers des forêts tropicales avant d’aboutir à l’embouchure de la Punta Gorda, côté Caraïbes.

D’une profondeur de 30 mètres, il permettra le passage de bateaux atteignant jusqu’à 400.000 tonnes.

Le chantier menace de déplacer 30.000 paysans et indigènes ramas et nahuas qui vivent sur le tracé.

La crainte est aussi que le canal, en traversant le lac Cocibolca, n’y fasse entrer de l’eau salée, ce qui menacerait les espèces locales.

Le gouvernement rétorque que ce chantier est la manière la plus rapide de sortir de la pauvreté, qui touche 45% de la population au Nicaragua.

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