Pêche: les écologistes dénoncent un échange de quotas profitant à un « navire-usine » polonais

Brest, 12 nov 2024 (AFP) – Les écologistes bretons ont dénoncé mardi dans un communiqué de presse un échange par la France de quotas de merlan bleu qui doit profiter à un « navire-usine », aux « impacts dévastateurs », battant pavillon de la Pologne.

Le ministre de la Pêche « Fabrice Loher doit renoncer à ces échanges de quotas avec la Pologne au profit d’un navire-usine aux impacts dévastateurs pour les milieux marins, et qui pêche en une journée ce que des pêcheurs artisans remontent en plusieurs années », a estimé Claire Desmares, présidente du groupe Les écologistes de Bretagne, citée dans le communiqué.

Selon Ouest-France, M. Loher a confirmé un échange de quotas de pêche entre la France et la Pologne au quotidien régional, sans en préciser le montant.

Contacté à plusieurs reprises par l’AFP mardi, le cabinet du ministre n’avait pas donné suite.

« On a eu la confirmation qu’il y avait eu une transaction mais on n’a pas eu de précision sur les contreparties », a indiqué à l’AFP Laetitia Bisiaux, chargée de projet pour l’association Bloom, qui a rencontré le ministre lundi à Lorient, en marge d’une manifestation.

Selon Bloom, ce quota doit être attribué au chalutier géant Annelies Ilena (145 mètres de long), qui bat pavillon polonais mais appartient à la multinationale néerlandaise Parlevliet & van der Plas (P&P).

La Compagnie des Pêches de Saint-Malo, dont P&P est actionnaire, avait annoncé en décembre 2023 avoir investi 15 millions d’euros pour l’installation à bord du bateau d’une unité de production de surimi.

Cet investissement nécessitait un transfert de quotas de merlan bleu vers la Pologne pour permettre au chalutier, l’un des plus grands du monde, de disposer des droits de pêche suffisants.

D’après Mme Bisiaux, un arrêté ministériel du 6 novembre laisse apparaître une diminution des quotas français de merlan bleu de 22.000 tonnes par rapport au mois de mars dernier.

« M. Loher m’a dit qu’ils avaient été échangés en mars et en septembre avec la Pologne », a-t-elle précisé. « La France n’aurait-elle pas mieux à faire que de permettre à ce type de navire-usine de ravager les eaux? », s’est-elle interrogée.

Trop grand pour entrer dans le port de Saint-Malo, le navire-usine doit débarquer sa cargaison aux Pays-Bas. Le surimi produit à bord rejoindra par la route l’unité de transformation située à Saint-Malo.

Contactée par l’AFP, la Compagnie des Pêches de Saint-Malo n’a pas souhaité faire de commentaires.

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