Pêche: les Européens divisés sur le maintien des primes à la casse des navires

Les ministres européens de la Pêche étaient appelés à se prononcer à Bruxelles sur la meilleure façon de partager les quelque 6,5 milliards d’euros que l’Europe prévoit de dépenser entre 2014 et 2020 en faveur du secteur de la pêche.

Concernant les primes à la casse, « j’ai cru comprendre que la majorité des Etats ne veut pas poursuivre cette mesure à l’avenir », ou tout au moins pas « ad vitam eternam », a résumé la commissaire européenne à la Pêche, Maria Damanaki, à l’issue de la réunion.

La Commission a proposé la suppression de ces aides, après des rapports très critiques de la Cour des comptes européenne selon laquelle elles n’ont pas permis de réduire les surcapacités de la flotte de pêche par rapport à des ressources halieutiques de plus en plus rares.

En revanche, a concédé Mme Damanaki, « une majorité d’Etats se déclare en faveur de mesures de modernisation » de la flotte de pêche.

La commissaire était initialement opposée à toute aide à la construction de nouveaux navires de pêche. « Si on l’écoutait, on ne ferait plus que de l’aquaculture en Europe, et les pêcheurs seraient transformés en transporteurs de touristes sur le littoral » afin de préserver les ressources halieutiques, lance un diplomate européen.

Les partisans du maintien d’aides aux navires ont trouvé la parade en posant comme condition qu’elles n’augmentent pas les capacités de pêche existantes.

Ces mesures permettraient notamment de « réduire l’empreinte écologique des navires » conformément aux objectifs de la réforme en préparation, fait valoir le ministre français Frédéric Cuvillier.

La France, la Pologne, l’Espagne, le Portugal, Malte, l’Irlande, la Slovénie et la Lituanie sont d’accord pour réclamer un maintien des primes à la casse, des aides à l’arrêt temporaire d’activité et des aides à la modernisation d’une flotte européenne vieillissante.

« Comment peut-on faire de la modernisation et du déchirage (casse) en même temps? », a rétorqué Mme Damanaki, qui juge « tout à fait incohérent » de vouloir construire de nouveaux navires et financer la destruction d’autres.

Soutenu notamment par le Royaume Uni, le Néerlandais Henk Bleker a estimé qu’il ne fallait pas, à la faveur de la réforme, « réintroduire les instruments du passé ». Ils ont été « en vigueur pendant des années, ils ont coûté cher, mais ils n’ont pas apporté la contribution nécessaire qu’on attendait d’eux », à savoir une réduction sensible des surcapacités de pêche, a-t-il jugé.

Reste que l’Europe va bien devoir accompagner financièrement les pêcheurs à se réformer, fait valoir le Français Frédéric Cuvillier. « Les bateaux existants auront à se moderniser: on ne peut pas rester avec une motorisation énergivore et polluante, et les bateaux auront besoin de s’adapter » à la nouvelle politique d’interdiction des rejets que prévoit d’introduire l’UE, a-t-il estimé.

Selon un diplomate européen, le débat va à présent porter sur ce qu’on entend précisément par « modernisation » et « accompagnement ».

M. Cuvillier s’est dit « optimiste » sur les chances de pouvoir parvenir à un accord lors de la prochaine réunion en octobre à Luxembourg.

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