Sable de Lannion: Macron accorde une concession limitée, les opposants s’insurgent

“La baie est en danger, non seulement d’un point de vue environnemental, mais aussi sur le plan de l’emploi. Les premiers touchés, ce seront les pêcheurs professionnels qui ne pourront plus travailler à très court terme”, a alerté l’opposant Alain Bidal, président du collectif “Le peuple des dunes du Trégor”, à la sortie d’une réunion avec le ministre à Bercy.

M. Macron a limité l’extraction, sollicitée par la Compagnie armoricaine de navigation (CAN) en décembre 2009, à un maximum de 250.000 m3 de sable par an, contre 400.000 envisagés initialement, et elle sera interdite pendant la période estivale, entre mai et août, a indiqué le ministère dans un communiqué diffusé après une rencontre avec les élus de la région, des opposants et des représentants de la CAN (groupe Rouillier).

L’extraction sera limitée à 50.000 m3 au cours de la première année, avant d’augmenter progressivement pour atteindre les 250.000 m3 après cinq années d’exploitation. L’arrêté préfectoral ne sera initialement délivré que pour une période d’un an “afin de rendre effectif le suivi des opérations d’extraction et en permettre l’arrêt si nécessaire”, a précisé Bercy.

“Les études concluent avec suffisamment de certitude à l’absence d’impact significatif sur l’environnement et les autres activités pour pouvoir débuter l’extraction”, a constaté Emmanuel Macron, cité dans le communiqué. “Mais il faut être vigilant et démarrer progressivement avec un suivi strict pour pouvoir déceler tout impact imprévu et adapter en conséquence le projet”, a-t-il ajouté.

Les opposants du collectif ont exprimé leur désaccord pendant la réunion et ont quitté les lieux. “Puisque nous n’avions plus rien à faire en discussion, nous avons quitté la salle”, a déclaré Alain Bidal.

– “Attaque” contre la biodiversité –

Quant à l’extraction limitée à 250.000 m3, il n’est pas convaincu par cette mesure. “Le problème ne réside pas dans les volumes. Dès l’instant où l’on attaque la dune, on attaque la biodiversité”, a-t-il regretté.

M. Bidal a assuré que la mobilisation contre le projet allait se poursuivre. Le 24 janvier, entre 4.500 et 7.000 personnes ont manifesté à Lannion pour protester contre ce projet. Il a également laissé entendre que cette décision pourrait avoir un coût politique pour le gouvernement en Bretagne, une région en mains socialistes.

“Si le département des Côtes-d’Armor est passé à droite dernièrement, je pense que nous n’y sommes pas complètement pour rien. Et nous avons les régionales qui se profilent à la fin de l’année. Si c’est la seule façon de se faire entendre du gouvernement, nous le ferons”, a-t-il prévenu.

M. Macron et la ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, ont lancé une mission d’inspection pour examiner “la manière dont les aspects environnementaux ont été pris en compte dans les différentes études et avis ainsi que dans les mesures d’encadrement et de suivi”, a rappelé le ministère.

Le rapport, rendu public début février, a confirmé, selon Bercy, que “toutes les procédures de concertation et d’enquête publique prévues par les textes ont été respectées”.

M. Macron a ouvert dans la foulée “une nouvelle phase de concertation” avant de communiquer sa décision. “Toutes les parties prenantes se sont largement exprimées”, a précisé le ministère.

Déposé en 2010 après enquête publique à l’issue de laquelle le commissaire enquêteur avait rendu un avis favorable, le dossier attendait la réponse du ministre de l’Economie auquel revenait la responsabilité d’accorder ou non la concession minière.

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