SNCM: Valls affiche sa fermeté, les négociations reprennent

Répondant à l’exaspération des acteurs économiques corses face à ce mouvement social, Manuel Valls leur a proposé une rencontre à Matignon jeudi, avant d’annoncer que le gouvernement prendrait « toutes les mesures nécessaires » pour débloquer « les navires ».

Le président de la chambre d’agriculture de Corse, Jean-Marc Venturi, a répondu favorablement à cette invitation, jugeant « apaisants » les propos du Premier ministre. Une délégation de sept représentants sera reçue à Matignon jeudi après-midi.

Interrompues pendant plusieurs heures mercredi, les négociations entre actionnaires et syndicats de la compagnie maritime ont repris peu avant 17h en préfecture de Marseille.

Auparavant, avait été annoncée par une source proche du dossier une possible vente par le groupe Veolia pour un euro de la participation de 66% qu’il détient dans l’entreprise via Transdev, coentreprise formée avec la Caisse des dépôts.

Mercredi matin, au troisième jour de négociations sous l’égide du médiateur gouvernemental Gilles Bélier, les syndicats ont exprimé leur colère contre les propos tenus sur TF1 la veille par Manuel Valls, qui a de nouveau soutenu une mise en « redressement judiciaire » de la compagnie.

« Les propos de Manuel Valls sont dramatiques », estimait Pierre Maupoint de Vandeul, délégué CFE-CGC des officiers. « Il est là pour mettre le feu », renchérit Frédéric Dos, délégué de la CFDT.

« Pendant qu’il prône le dialogue et que les salariés cherchent une solution pour éviter le redressement judiciaire, le Premier ministre vient au journal de TF1 dire qu’il faut faire un redressement judiciaire », déplorait le secrétaire de la CGT, Jean-François Simmarano.

Selon les syndicats, un « texte de consensus » dans un « cadre sécurisé », c’est-à-dire excluant le recours au tribunal de commerce jusqu’à la fin de l’année, avait le soutien du médiateur, de l’Etat et de la direction. Seul l’actionnaire majoritaire Transdev a refusé de donner son aval.

« Il serait bon que M. Valls prenne les bonnes informations avant de fustiger les salariés de la SNCM », a souligné M. Simmarano, qui s’étonne: « Les représentants de l’Etat qui sont en préfecture, les représentants du ministère des Transports, n’ont pas la même attitude, le même discours » que M. Valls.

– Le redressement judiciaire au coeur des dissensions –

Le principal point d’achoppement réside dans le recours au tribunal de commerce, souhaité par Transdev et appuyé par Manuel Valls, qui estiment que ce passage au tribunal permettrait d’exonérer la compagnie des lourdes condamnations européennes – 440 millions d’euros de subventions jugées indûment perçues.

Pour les syndicats en revanche, ce passage au tribunal signerait le démantèlement programmé de la compagnie et la certitude de perdre la délégation de service public vers la Corse, un marché de plus de 600 millions d’euros qui lui a été attribué jusqu’en 2022.

En Corse, où l’économie commence à être affectée par la grève de l’opérateur historique des liaisons entre l’île et le continent, près d’un millier d’acteurs du monde économique se sont rassemblés dans la matinée à Bastia pour dénoncer l’incapacité de l’Etat à mettre fin au conflit.

Le contenu d’un camion chargé de fruits ne pouvant être exportés a été déversé devant les grilles de la préfecture. Quelques incidents ont eu lieu en marge de ce rassemblement quand plusieurs dizaines de personnes se sont rendues au siège de la SNCM en Corse, proche de quelques centaines de mètres, où d’importantes dégradations ont été commises. L’agence a été « saccagée », a déploré la direction, signalant la destruction du centre d’appels internes de la compagnie.

Dans l’après-midi, le Premier ministre a annoncé à l’Assemblée nationale que le gouvernement allait prendre « dans les heures qui viennent » « toutes les mesures nécessaires » pour mettre un terme au blocage de navires, alors que les organisations professionnelles corses réclament que soit dégagé le Kallisté, bateau d’une compagnie concurrente bloqué depuis une semaine à Marseille par les marins CGT de la SNCM.

« Cela fait dix ans que tous les gouvernements ont mis la main à la poche, dix ans que cette entreprise est déficitaire maintenant il faut la sauver définitivement », a pour sa part déclaré sur BFMTV Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS.

« Il y a des gens qui sont pris en otage et n’y peuvent strictement rien. On ne va pas, parce que cela fait partie du rapport de force mené par la CGT, laisser faire cette situation », a-t-il ajouté, reconnaissant qu' »il vaudrait mieux la négociation ».

Outre le déblocage du Kallisté, les professionnels du tourisme, transporteurs, agriculteurs et artisans insulaires demandent des compensation du préjudice depuis le début de la grève, le 24 juin. Ce sujet doit être abordé jeudi lors de la rencontre à Matignon.

bur-rl/cho/pb

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