L’impact du mauvais temps, encore en train d’être chiffré, s’annonce très important. Pour la seule Bretagne, qui représente la moitié de la production nationale, les bateaux ont vu leur chiffre d’affaires chuter de 30 à 60% en janvier et février par rapport à la même période en 2012, selon le Comité régional des pêches.
Ces dernières semaines, « les services sociaux maritimes ont reçu des professionnels dans des situations très compliquées », notamment des pêcheurs à pied qui n’ont eu pratiquement aucune activité, affirme Olivier Le Nezet, président du Comité, qui avait demandé mi-février l’aide des pouvoirs publics.
Le gouvernement a donc décidé d’accorder trois mois de plus aux pêcheurs pour payer leurs cotisations du dernier trimestre 2013, soit jusqu’à début juin. Ceux en grande difficulté financière pourront étaler leurs paiements, et dans les cas les plus critiques demander une « remise gracieuse », a expliqué à l’AFP le ministre de la Pêche, Frédéric Cuvillier, lors de sa visite au Salon de l’Agriculture.
Une mesure que professionnels comme gouvernement souhaitent « euro-compatible », pour éviter que les pêcheurs se retrouvent à rembourser des aides non conformes aux règlements européens.
Ces « mesures d’urgence » se justifient car « les bateaux ont été bloqués plusieurs mois et il n’y a pas de ressources, il n’y a pas de recettes », a déclaré à l’AFP M. Cuvillier lors de sa visite au Salon de l’Agriculture.
Dans le Morbihan par exemple, les bateaux sont sortis en mer seulement douze jours en deux mois, contre 44 jours en temps normal, selon le Comité des pêches du département.
Entre le 23 décembre et le 18 février, « on a eu 93 coups de vent qui nous ont empêché de travailler, c’est exceptionnel », souligne Hervé Jeantet, président de l’Union des armateurs à la pêche française (UAPF).
D’autant que « même pendant les accalmies, la mer ne permettait pas de sortir, surtout quand la moyenne d’âge des bateaux est de 26 ans », ajoute M. Le Nezet.
Le patron des pêcheurs bretons craint que l’impact des intempéries se prolonge, car les rivières inondées ont déversé des millions de mètres cube d’eau douce dans la mer.
« Les poissons ne vont pas s’approcher du littoral » pendant plusieurs semaines selon lui, alors que 70% des bateaux français pêchent près des côtes.
Pour les mêmes raisons, les coquillages bretons subissent une forte mortalité depuis le début de l’année: 90% des palourdes, 100% des coques.
« Contents » du report des charges, les pêcheurs ne sont pourtant « pas complètement satisfaits. La base demandait plus: effacement des dettes, prise en charge des intérêts sur les prêts… » commente Gérard Romiti, président du Comité national des pêches maritimes.
« L’important c’est que les bateaux puissent aller en mer avec des gars assurés à bord, avec la couverture sociale », souligne M. Romiti, pour qui le ministère a réagi rapidement.
Le gouvernement travaille aussi sur un système de chômage partiel.
« C’est un bon début mais on demande une implication du ministre (car) la pêche française a un problème récurrent de compétitivité. Ces intempéries sont arrivées sur une situation déjà fragilisée », dénonce Hervé Jeantet, président de l’Union des armateurs à la pêche française (UAPF), qui souhaite que la période prise en compte pour le chômage partiel démarre à la mi-décembre.
De manière générale, la pêche française « est vraiment à la limite de l’exercice » et a un cruel besoin de bateaux plus modernes, pointe Olivier Le Nezet.
« Nous tirons la sonnette d’alarme au niveau européen pour dire que la règlementation doit s’assouplir en terme de renouvellement » de la flotille, martèle-t-il.