UE: réunion des ministres de l’Agriculture, pêche et nouvelle PAC au menu

Réunis au Luxembourg, les ministres des Vingt-Sept vont tenter de trouver une majorité qualifiée sur trois textes cruciaux qui détermineront la prochaine PAC, avant que le Parlement européen n’examine le dossier à partir de mercredi. Etats et eurodéputés devront trancher d’ici début 2021 sur les règles qui s’appliqueront à partir du 1er janvier 2023.

Au centre des pourparlers figurera le système des « écorégimes » proposé par la Commission (l’exécutif de l’UE) pour verdir l’agriculture européenne en rémunérant les services rendus à l’environnement par les agriculteurs. Les Etats doivent trouver une majorité qualifiée autour de leur montant, leur définition et leur objectif.

L’Allemagne – qui occupe la présidence tournante de l’UE – propose que les primes versées aux agriculteurs dans ce cadre deviennent obligatoires en prévoyant un budget minimal à cette fin. Jusqu’à présent, ces « écorégimes » sont volontaires.

« De longues heures de négociations nous attendent, jusqu’à tard dans la nuit », a prévenu lundi la ministre allemande de l’Agriculture Julia Klöckner en arrivant au Luxembourg. La réunion devrait se terminer mercredi matin après une ultime nuit d’âpres discussions.

Si la France, à l’unisson d’autres pays (Suède, Danemark, Belgique, Espagne) souhaite également des écorégimes « obligatoires » pour tous les pays de l’UE, afin de ne pas créer de distorsion de concurrence d’un pays à l’autre, certains gouvernements, notamment en Europe de l’Est, y restent hostiles: ils redoutent de perdre des fonds européens si un nombre insuffisant d’agriculteurs participent aux programmes environnementaux.

Le contenu des écorégimes fait aussi débat: certains imaginent des rémunérations pour encourager l’agriculture biologique, d’autres pour financer la couverture végétale des sols toute l’année, d’autres encore pour financer l’augmentation de la production de protéines végétales.

« Nos agriculteurs ont besoin d’une bonne PAC aussi rapidement que possible, le problème clé est de trouver l’équilibre entre soutien aux revenus et écorégimes », insistait lundi le ministre espagnol Luis Planas, assurant soutenir la proposition allemande.

Par ailleurs, les ministres discuteront cette semaine des limitations de captures autorisées pour les pêcheurs en mer Baltique. En raison de l’état alarmant persistant des stocks, la Commission européenne a proposé de réduire encore une partie des quotas en place, notamment pour le cabillaud, le saumon et la plupart des espèces de hareng.

Dans une quinzaine de pays, des plateformes d’ONG et associations réunissant agriculteurs, consommateurs, défenseurs de l’environnement et des animaux se mobilisent pour tenter d’obtenir une « transition obligatoire » de l’agriculture dans tous les pays européens, « agroécologique » et « alimentaire ».

« Le texte, préparé par la commission précédente, est très loin de l’objectif du +Pacte Vert+ fixé par l’actuelle Commission et n’est pas à la hauteur pour accélérer la transition écologique d’ici 2027 » a indiqué à l’AFP Mathieu Courgeau, paysan en Vendée et président de la plate-forme française « Pour une autre PAC », qui réunit 43 associations et ONG.

« La Pologne, par exemple, est en position de résistance et cherche à prendre les mesures environnementales les moins ambitieuses possibles afin de poursuivre la course à l’industrialisation de son agriculture », a souligné Ewa Sufin-Jacquemart, qui préside la coalition Terre Vivante dans ce pays.

Dénonçant un projet de ferme à 5 millions de poulets en Pologne et une augmentation de 73% de l’utilisation des pesticides en 12 ans dans ce pays, elle a souligné qu’il y a quatre ans, les plus grandes exploitations volaillères comptaient « 250.000 poulets » en Pologne, « alors qu’elles sont aujourd’hui à 1,5 million ».

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